« Patrimoine culturel-patrimoine naturel » tel est le thème de ces journées européennes du Patrimoine. Les lavoirs en sont un bon exemple tant par leur construction sur des cours d’eau que pour leur participation au paysage communal.
Architectures du quotidien tombées en désuétude à partir des années 1950, les lavoirs font aujourd’hui l’objet d’une réappropriation patrimoniale collective. C’est dans ce cadre qu’un travail de recensement du « petit patrimoine » est mené, depuis les années 1970, par le service, puis pôle, de l’Inventaire du patrimoine, à la Direction des Archives départementales du Val-d’Oise.
Un essor au début du XIXe siècle
Les femmes n’ont pas toujours bénéficié de ces installations pour faire la lessive. La plupart du temps, elles travaillaient sur les berges des cours d’eau. Ce n’est qu’à partir des années 1820-1830 qu’une véritable politique de construction de lavoirs a été menée. Sous-préfets et maires s’ingénièrent à multiplier ces équipements dans les villes, puis les gros bourgs, et enfin les villages. A la Direction des Archives départementales du Val-d’Oise, sont conservés de nombreux documents concernant leur coût, leur construction et leur réfection.
Des architectures différentes
Parmi les lavoirs recensés dans le Val d’Oise, trois types d’architecture se dégagent : les lavoirs de source, les lavoirs alimentés par un bief de dérivation et ceux aménagés sur un cours d’eau. Les deux premiers types se composent le plus souvent d’un ou plusieurs bassins, en maçonnerie, munis de vannes destinées à l’entrée et à l’évacuation de l’eau. Ces bassins sont entourés d’une aire pavée et de rebords formés par des dalles de pierre inclinées légèrement vers l’eau. Une toiture est généralement construite pour protéger les lavandières du soleil ou de la pluie. Les plus confortables sont fermés sur un ou plusieurs côtés. Certains lavoirs sont remarquables par leur forme « en atrium », c’est-à-dire entièrement clos de murs de pierre. Les lavoirs installés le long des cours d’eau sont souvent plus simples, avec des pierres à laver installées sur la berge, couvertes d’un appentis de tuile mécanique. Certains comportent de petites constructions, essentiellement réalisées en charpente, dont le plancher, mobile, suit les variations des eaux.
Les lavoirs pouvaient aussi faire partie d’un ensemble hydraulique plus large : rationalisant les aménagements, et par là leurs dépenses, les pouvoirs publics y accolaient le plus souvent une fontaine ou un abreuvoir.
Du bon usage du lavoir
Le lavoir était surtout utilisé pour rincer le linge. Se tenant deux à trois fois par an, au printemps et à l’automne, cette activité était perçue, à la campagne, comme une fête par l’entraide qu’elle suscitait entre voisins. C’était aussi un lieu de sociabilité féminine, duquel les hommes étaient exclus. On y retrouvait les mères de famille ainsi que les blanchisseuses engagées par des personnes plus aisées.
Tout commençait donc avec la lessive, dite aussi « buée » ou « buie », celle où l’on sortait le « gros linge » (draps, torchons, chemises de travail, etc.). Elle se faisait au cuveau avec plusieurs opérations de trempage et de frottage. Le rinçage se déroulait, dans un dernier temps, au lavoir. Les femmes y retrouvaient leurs instruments comme l’auget, sorte de caissette en bois tapissée de paille ou d’un coussin, ou le battoir, avec lequel on frappait le linge pour en extraire les dernières traces de savon.
Longtemps livrés à eux-mêmes, les lavoirs font aujourd’hui l’objet de restauration et de valorisation. Ils témoignent d’un passé où le quotidien féminin était rythmé de rires et d’amitiés, mais aussi, et surtout, de peines et de sueurs.
Cécile Lestienne, Service des Archives communales et de l'inventaire du Patrimoine
Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Septembre 2014
Sources disponibles à la Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Orientations bibliographiques
Caminade, Michèle, Linge, lessive, lavoir, Une histoire de femmes, 2005, 110 p. [BIB 8/4732].
Couffy, Annick et Somers, Agnès, Mémoire de l’eau… Pèlerinages oubliés, Reflets et traditions du Val-d’Oise rural, 1991, 60 p. [BIB 4/1181].
Guibaud, Jean, Au temps des lavandières, 2005, 128p. [BIB ATP].
Lefébure, Christophe, La France des lavoirs, 1995, 159 p. [BIB A/E1].
Sources documentaires
Si vous souhaitez connaître ou travailler sur des édifices du Val-d’Oise, les données collectées par le pôle Inventaire du patrimoine peuvent être consultées sur demande, en salle de lecture des Archives départementales.
- Dossiers d’étude réalisés par le pôle depuis les années 1970. Une partie d’entre eux est indexée sur les bases de données nationales du Ministère de la Culture et de la Communication.
- Bases de données géoréférencées (« VISIAU Patrimoine ») établies en partenariat avec l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France (IAU), en accès libre en salle de lecture des Archives départementales du Val-d’Oise, ou en accès limité sur le site internet de l’IAU. Ces bases présentent les inventaires des deux parcs naturels régionaux présents dans le département, le Vexin français et l’Oise-Pays-de-France.
Archives publiques
- Cours d’eau navigables et non-navigables. [Sous-séries 3 S et 9 S]
- Administration et comptabilité communales. [Sous-série 2 O]
- Archives communales déposées. [Série E-dépôt]
Archives entrées par voie extraordinaire