La prison de Pontoise (Val-d'Oise)

L'histoire de la maison d'arrêt de Pontoise de 1799 à 2013, réservée aux courtes peines et aux prévenus, peut s'écrire à partir de trois fonds d'archives conservées par la Direction des Archives départementales du Val-d'Oise. Ils ont été classés et décrits dans deux inventaires consultables en ligne: Maison d'arrêt de Pontoise (1799-1948) et Maison d'arrêt de Pontoise puis du Val-d'Oise (1936-2013)

Une histoire des lieux

Plan du rez-de chaussée, 1879, ADVO, 1 Y 2(1) (jpg - 10024 Ko)
Règlement particulier pour la maison d'arrêt de Pontoise, 1845, ADVO, 1 Y 4. (jpg - 4854 Ko)

Des dossiers administratifs, des mémoires, des correspondances, des plans donnent une idée de l'architecture et de l'organisation spatiale des prisons successives de Pontoise en fonction des conceptions de l'enfermement du moment.
La première se situait non loin de l’ancien tribunal civil de Pontoise (aujourd’hui, impasse de la prison). Vers 1880, cette maison d'arrêt est remplacée par une autre où l’isolement des détenus se fait en cellule individuelle pour éviter « leur contagion morale ». Elle est construite selon les plans de l’architecte départemental de Seine-et-Oise Albert Petit (1843-1922) et comprend 76 cellules pour les hommes et 15 pour les femmes. Ces derniers sont numérisés. Quelques documents donnent un aperçu de l'aménagement des locaux et du fonctionnement de la prison : acquisitions de mobiliers, règlements intérieurs, instructions, rapports d’activité, mémoires de travaux …

Bénéficiant du programme national "13 000", financé par le secteur privé, une nouvelle maison d’arrêt est construite en 1990 à Osny, commune limitrophe de Pontoise et la vielle prison de Pontoise, vétuste, est démolie. La gestion administrative de l'établissement est alors mixte. Ainsi le greffe, les ressources humaines, la surveillance, l’économat et les services d’insertion et de probation sont publics, mais c’est une entreprise privée qui s’occupe du travail des détenus, de la restauration, des cantines des détenus, de la maintenance et du nettoyage.

Une histoire des détenus

Extrait d'un registre d'écrou avec signalement anthropométrique, empreintes digitales pour les voleu (jpg - 4400 Ko)
Extrait d'un cahier de surveillant (1959-1960), ADVO, 678 W 160. (jpg - 1805 Ko)

L'étude socio-économique de la population carcérale reste à faire en dépouillant les registres d'écrou (1799-1978). Les tables alphabétiques, clés d’accès à ces registres, sont numérisées et accessible sur internet. Toutefois, les plus récentes sont consultables uniquement en salle de lecture. On y trouve consignés l'état civil de ces hommes et de ces femmes, leur profession, leur description physique, la liste de leurs effets personnels, le motif et la durée de leur incarcération… D'autres documents éclairent leur quotidien : carnets des surveillants, mains courantes des incidents, registres d’observations des quartiers et les documents sur leur travail au sein de la prison. Leur état psychologique peut aussi être appréhendé dans les dossiers individuels, leur correspondance, les rapports de l’assistante sociale ou sur les tentatives de suicide, les automutilations ou les grèves de la faim.

Jusqu’en 1997, la maison d’arrêt a accueilli des femmes et des mineurs jusqu’en 2008. Depuis, la maison d'arrêt est réservée exclusivement aux hommes majeurs à plusieurs par cellule.
Des dossiers de suivi des détenus une fois libérés de manière conditionnelle ou définitive montrent aussi l'évolution de la politique nationale en matière de réinsertion dans la société au cours de la seconde moitié du XXe siècle.

Ces archives ouvrent enfin une fenêtre sur les conditions de travail des surveillants pénitentiaires peu connus au travers de leurs carnets, mais aussi les dossiers individuels, les règlements intérieurs, les instructions, les registres de consignes, des rapports des commissions de surveillance ou d’activités.

Aurélie Kouakou-Ekra, service des archives contemporaines
Avec la collaboration de Sylvie Dechavanne, service des Publics
Archives départementales du Val-d'Oise
Juillet 2020

Pour en savoir plus

Archives départementales du Val-d'Oise
Maison d'arrêt de Pontoise (1799-1948). [1 Y 1-18, 2 Y 1-156]
Maison d'arrêt de Pontoise puis du Val-d'Oise (après son transfert à Osny) (1936-2013). [678 W, 1996 W, 2281 W, 2449 W, 2500 W]

Archives départementales des Yvelines et de l’ancienne Seine-et-Oise
Consulter les sous-séries 1Y – Administration générale et surveillance des prisons [1Y 1-85], 5K – Conseil de Préfecture [5K 276-277], 12M – Statistiques, 5M – Sûreté générale [5M 5-10, 50-53, 5M 57-67], 4N - Bâtiments départementaux [4N 116, 4N 118], 2V – Cultes [2V 90], 1W – Cabinet du Préfet [1W 1153-1157, 1W 1220-1221]

Archives nationales
Consulter les archives de la Direction de l’administration pénitentiaire, du Ministère de la Justice et du Ministère de l’Intérieur. Notamment https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_022860/d_2 pour la construction de la prison d’Osny.

Bibliographie

FERREIRA, Romain, La prison de Pontoise au XIXe siècle. Cergy : Université de Cergy-Pontoise, 2005 (Mémoire de maîtrise), [D 3349].

LHOMEL, Isabelle, « Pontoise : la fin d'une prison modèle », Vivre en Val-d'Oise, Saint-Ouen-l'Aumône : Editions du Valhermeil, 27, 1994, p. 32-39. [REV 161]

« Derniers jours d’une prison », Bulletin municipal de Pontoise, Pontoise : Mairie de Pontoise, 24, 2001, p. 8-9 [PER 24/140]

Sitographie

Vie publique 1788 - 1944 : Naissance de la conception moderne de la prison (consultation 24/04/2020)

Milhaud, Olivier, La réclusion au cœur du monde ? La carte pénitentiaire en France de 1790 à nos jours. Hypothèses, 1, 2008, p. 151-160. https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2008-1-page-151.html (consultation 24/04/2020)

Notice biographique d'Albert Petit : https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00281894 (consultation 24/04/2020)

Ministère de la Justice, Visite historique : du XIXe au XXe siècle : http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/histoire-des-prisons-12128/visite-historique-du-xixe-au-xxe-siecle-21200.html (consultation le 18/05/2020)