Les acquisitions d'archives en 2021

Voici un florilège de documents essentiellement d’origine privée, entrés dans les collections de la direction des Archives départementales du Val-d’Oise (DAD) en 2021, par achat, don et même revendication. N'hésitez pas à nous contacter au sujet de vos archives ou d'autres archives publiques ou privées dont vous avez connaissance et qui pourraient compléter l'histoire du département.

 

Un diplôme de société de prévoyance et de secours mutuels - achat

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Diplôme de la société de prévoyance et de secours mutuels des ouvriers de Montmorency, Andilly, Deuil, Eaubonne, Groslay, Margency, Montlignon, Montmagny, Saint-Brice, Saint-Gratien et Soisy (1897), ADVO, 1 Fi 200 135.

Le XIXe siècle voit naître les sociétés de secours mutuels. En échange d’une cotisation, elles versent des prestations à leurs membres en cas de maladie ou d’accident notamment. Celle-ci est fondée en 1841 et approuvée par le gouvernement en 1847, cinq ans avant que ces sociétés soient reconnues par l'Etat. Les mots d’ordre n’ont rien de réactionnaire : « travail, économie, ordre et moralité ». Tous les corps de métiers sont admis, ce qu’illustrent les médaillons : travail du bâtiment, de la pierre, du bois, de la forge et des champs.

 

Un dessin de l'intérieur de l'église Saint-Sulpice de Chars - achat

Intérieur de l'église Saint-Sulpice de Chars : dessin au crayon de Beaufort (1829). (jpg - 3065 Ko)

Intérieur de l'église Saint-Sulpice de Chars : dessin au crayon de Beaufort (1829), ADVO, 1 Fi 200 145.

La nef de l’église fait l’objet d’un relevé architectural très soigné. On y remarque deux bénitiers ainsi qu’une chaire et un lutrin toujours conservés dans le mobilier de l’église et classés en 1915 au titre des monuments historiques. Bizarrement la chaire, datée du milieu du XVIIIe siècle, est localisée à gauche alors qu’elle se trouve aujourd’hui à droite. Erreur du dessinateur ou état ancien ? Les observations sur site et la consultation des archives ne permettent pas de trancher. Le lutrin monumental en bois polychrome en forme d’aigle, fin d'époque Louis XIV, a été restauré en 2018 grâce à la Conservations des antiquités et objets d’art. Il a été replacé dans le chœur, à sa place liturgique, moyennant sécurisation contre les vols.

Une affiche publicitaire pour les chaussures Palladium - achat en vente aux enchères

Une affiche publicitaire pour les chaussures Palladium (années 1970) (jpg - 7177 Ko)

Affiche publicitaire pour les Chaussures Palladium, usine d'Argenteuil (années 1970), ADVO, 17 Fi 221.

La société Palladium est spécialisée dans la production d’objets en caoutchouc combiné à de la toile pour une meilleure résistance, tels les pneus. En 1916 son propriétaire, Charles Suteau, délocalise son usine parisienne à Argenteuil rue de la Ceinture, malgré les plaintes de riverains. Après la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise réoriente sa production vers le marché de la chaussure à semelle de caoutchouc. D’abord destinés à l’armée, les modèles se diversifient avec des chaussures de randonnée pour le grand public, puis des chaussures de sport dans les années 1960 et 1970.

Un arrêt du XVIIIe siècle concernant la fabrique de Sarcelles - achat en vente aux enchères

Arrêt du Parlement de 1784 concernant la fabrique de Sarcelles  (jpg - 2550 Ko)

Arrêt du Parlement de 1784 portant règlementation des biens de la fabrique de Sarcelles (1785), ADVO, 1 J 729.

Cette pièce isolée décrit le fonctionnement de la fabrique et bureau des pauvres de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul. Pour la fabrique, un bureau rassemble le curé et le marguiller chargé de l’intendance. Ce dernier doit être de bonnes mœurs, de probité reconnue, sachant lire et écrire et disponible pour gérer les biens de l’église (quêtes, loyers, fournisseurs, messes, location des bancs, …). Tous les mois une assemblée décide des aumônes à délivrer aux pauvres de la commune (viande, blé, pain, linge, bois) et supervise les besoins des religieuses qui s’occupent des malades (linge et mobilier). Des articles spécifiques (n° 33 à 35, 58) traitent des « titres et papiers » autrement dits les archives : rangement dans un coffre ou une armoire fermée à clé, vérification annuelle, règles de communication strictes et rangement en liasses séparées selon la provenance (fabrique ou Charité des pauvres). Ces règles de bon sens sont toujours en vigueur chez les archivistes d’aujourd’hui !

La construction des "Castors" de Deuil-la-Barre - don

Mouvement d'autoconstruction coopérative des Castors de Deuil-la-Barre : carnet de notes  (jpg - 1991 Ko)

Mouvement d'autoconstruction coopérative des Castors de Deuil-la-Barre : carnet de notes de Louis Degraeve (1954-1961), ADVO, 1 J 731.

Les enfants de Louis Degraeve (1915-1994), nous ont remis un cahier tenu par leur père, ouvrier métallurgiste, enrichi de souvenirs familiaux. En 1954, en pleine crise du logement, leurs parents ont rejoint ce mouvement des "Castors", qui permet à ses membres d’acquérir des terrains à bâtir collectivement pendant leurs heures de loisirs, les uns pour les autres, et avec un budget modeste.
Le carnet résume week-end après week-end l’investissement au sein du groupe : adhésions, discussions pour la recherche d’un terrain, choix des plans type (du F3 au F5), tirage au sort des pavillons, comptabilité des heures de travail fournies… La famille donne en 1955 le premier coup de pioche à son pavillon mais c'est en 1961 que prend fin le travail de Louis Degraeve pour l’association et l’emprunt contracté auprès des allocations familiales. Le prix de revient de la maison est calculé en mars 1958 à 2 318 278 F.

Un plan d'arpentage de Liesse - don

Plan d'arpentage de Liesse : plan aquarellé 34 cm x 77 cm (4 mai 1791) (jpg - 11044 Ko)

Plan d'arpentage de Liesse : plan aquarellé 34 cm x 77 cm (4 mai 1791), ADVO, 1Fi 200 229.

Dressé par l’arpenteur Delamarre dans le cadre d’un partage entre Bernard Rougevin, bourgeois de Paris, et François Le Roux, vigneron à Liesse, il nous a été donné par l’un des descendants. On y voit les nombreux étangs ainsi que les bâtiments agricoles de la ferme de Liesse, dont l’existence est attestée dès le XVe siècle, Louis Delamarre, arpenteur à Méry, a produit au moins trois autres plans de Liesse dans le dernier quart du XVIIIe siècle pour le compte de l’abbaye de Maubuisson qui était alors propriétaire des terres : on les retrouve dans les archives de l’abbaye que conserve la DAD.

Des documents sur le château et la commune de La Roche-Guyon - revendication

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Registre de délibérations de La Roche-Guyon (1866-1884), ADVO, E-Dépôt 2 1D13.

Dans une vieille maison de La Roche-Guyon, des documents du XVIIIe siècle ont été découverts fortuitement : deux terriers reliés aux armes de la famille de La Rochefoucauld pour Chérence et Bézu (1765) et pour Aincourt (1767), un aveu et dénombrement pour Haute-Isle et Chantemesle (1723-1726) ainsi que trois cahiers de comptes. Ils proviennent majoritairement du chartrier du château. Achetés avec le soutien de l’Etat, ils ont réintégré le chartrier conservé à la DAD depuis 1976.
Un registre de délibérations de la commune que l’on croyait perdu est également réapparu. Son caractère d'archive publique inaliénable lui a permis d'être revendiqué puis restitué directement à la commune et déposé dans la foulée à la DAD avec le reste des archives communales, complétant ainsi un riche fonds tout juste classé et le corpus de délibérations communales numérisées.

Marie-Hélène Peltier
Directeur des Archives départementales
Mars 2022