Le retable majeur de l'église Notre-Dame de Taverny (XVIe siècle) : quand les archives documentent l’architecture
Un projet inspiré de l’état du retable à la fin XIXe siècle
Un dessin de l’architecte Maurice Boille, conservé au Musée d’Orsay et daté de 1910, est une version légèrement différente de celle-ci.
ici, le dessin témoigne d'une très grande finesse d'exécution et de la culture académique de son auteur. L'iconographie respecte le style de la Renaissance (Vierge accompagnée du Christ et de Saint-Jean-Baptiste enfant au troisième niveau, Mise au tombeau dans la partie inférieure de l’autel). Mais le devant d'autel avec les quatre Evangélistes reproduisant à l'identique le deuxième niveau du retable, les deux statues de Vierge à l'Enfant dans les niches du premier niveau, et les motifs inversés sculptés sur la frise de l'entablement rendent l’ensemble maladroit : jamais un artiste du XVIe siècle n’aurait pratiqué ces répétitions iconographiques pour un monument aussi important : l’unité du message religieux y était primordiale. Comme nombre de ses contemporains restaurateurs, l’auteur propose une reconstitution pétrie de références architecturales historicistes.
Ce projet s’appuie dans sa composition générale sur la restauration des années 1898-1899 que l’on voit quasiment inchangée sur ce cliché. Le troisième niveau comporte une niche, couronnée d’un fronton triangulaire, abritant le moulage en plâtre d'une Vierge gothique, dite Vierge de Taverny, aujourd’hui disparu. Au deuxième niveau, de part et d'autre des Evangélistes, sont sculptées les armes des Montmorency. Au-dessous, le tabernacle est modeste et des peintures murales représentent le Christ en croix entouré des donateurs supposés du retable, le connétable Anne de Montmorency, son épouse Madeleine de Savoie et leurs enfants.
Un état antérieur bien différent
A la toute fin du XIXe siècle, le retable a été photographié par les membres de la Commission des antiquités et des arts du département de Seine-et-Oise. L’église, construite par la famille des Montmorency au XIIIe siècle et classée Monument historique en 1846, fait alors l’objet d’une campagne de restauration.
Le retable de pierre, lui-même classé, se structure sur deux niveaux, avec des colonnes, frises, niches, entablement et fronton dans le goût de la Renaissance. Il est badigeonné d'une épaisse couche de peinture imitant le marbre blanc veiné. Deux statues, une Sainte Martyre et une Vierge à l'Enfant, sont placées dans des niches au premier niveau. Au-dessus de la frise décorée des attributs de la Passion du Christ, des initiales entrelacées d'Henri II et Catherine de Médicis et des trois croissants, figurent les statues des quatre Evangélistes. Un grand tabernacle de bois du XVIIe siècle posé sur l'autel occupe l'espace central.
Cécile Lestienne, Service des Archives communales et de l'inventaire du Patrimoine
Marie-Hélène Peltier, Directeur
Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Février 2014
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LEFEVRE-PONTALIS, Eugène, « Eglise de Taverny », Congrès archéologique de France, LXXXIIe session tenue à Paris en 1919, Paris, A. Picard Levé, vol. 82,1920, p. 50-69. [BIB 8/3883]
Mullier, Charles, Visite guidée de l'église de Taverny, [19..], [s.l.] : [s.n.]. [BIB D865]
SCHAUINGER, Laure, Notre-Dame de Taverny, Edition Ville de Taverny, 1998. [BIB 8/3886]
Base Palissy du Ministère de la Culture et de la communication :
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM95000675
Musée d'Orsay
Boille Maurice, La restitution du soubassement d'un retable du XVIe siècle à l'église de Taverny, élévation, plan en 1910 [Fiche œuvre n°56775, http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/notice.html?no_cache=1&nnumid=056775&cHash=837b8ab737]
