Le 31 août 1944, le territoire valdoisien est libéré après plusieurs jours d’incidents violents et de combats. Les forces en présence sont multiples et se heurtent sur plusieurs fronts mouvants.
Une avancée rapide
A l’ouest, les troupes américaines se heurtent aux forces allemandes à hauteur de Mantes, du 19 au 26 août. Après avoir contenu l’ennemi, les alliés contre-attaquent le 27 août et poursuivent ainsi leur route dans le Vexin. Elles rencontrent à plusieurs reprises une résistance ennemie qui va les ralentir, comme par exemple dans le secteur de Condécourt-Longuesse-Sagy, mais entrent dès le 30 août dans Pontoise, déjà désertée par les Allemands.
A l’est, les différents groupes de résistants se sont organisés et mènent les premières actions, comme à Argenteuil le 23 août ou à Enghien-les-Bains le 26 août. Ils reçoivent l’aide militaire de la 2e Division Blindée (DB) du général Leclerc qui vient de libérer Paris. Elle arrive à Montmagny le 27 août où le sous-groupement Massu livrera un dur combat pour déloger le 105e régiment grenadiers allemand de la redoute de la Butte Pinson, qui deviendra dès le lendemain le poste de commandement du général Leclerc.
Le secteur de la Patte d’oie d’Herblay sera également le théâtre de plusieurs journées de combat, du 25 au 29 août ; les résistants de la Force française de l’intérieur (FFI), qui ont engagé les opérations, verront arriver avec soulagement les troupes françaises et alliées.
A la fin de la journée du 30 août, les Américains entrent dans Roissy-en-France, la 2e DB laisse la place à la 28e division américaine. L’Isle-Adam, Beaumont-sur-Oise et Persan font partie des dernières communes libérées, le 31 août.
Au lendemain de la Libération
Dès le 31 août justement, reparaît Le Régional du nord de l’Ile-de-France, un tri-hebdomadaire créé en 1936 et en sommeil depuis le 28 juin 1940. Là, au fil des jours, se dévoile une autre histoire que celle des actions militaires. Les collaborateurs sont traqués et dénoncés, voire exécutés sans autre forme de procès. Les comités de libération se mettent en place dans les villes et villages. Des femmes sont tondues en place publique, on donne leur nom.
Les récits des pillages, des incendies et surtout des exécutions d’otages perpétrés par les Allemands dans les derniers jours de l’Occupation se multiplient : les treize fusillés de Charmont le 21 août sont restés dans les mémoires, mais l’édition de Persan-Beaumont du Régional évoque aussi les trois Français assassinés à Presles, les treize à Nerville, les sept à Champagne-sur-Oise… Dans le département, plusieurs plaques et monuments commémoratifs, inaugurés pour la plupart dans les années cinquante, rappellent aujourd’hui encore le souvenir de ces événements.
Un territoire dévasté
Il est également temps de songer à la reconstruction du pays. Pendant la campagne de mai-juin 1940, des bombardements et des destructions ont déjà touché le territoire. Puis à partir du printemps 1944, les bombardements alliés et les actions de sabotage des résistants s’intensifient, s’ajoutant aux destructions commises par les troupes allemandes en retraite. Les alliés cherchent en effet à neutraliser les points stratégiques et les noeuds de communication, mais en raison de l’imprécision des lâchers de bombes, beaucoup d’habitations sont endommagées et des civils tués. Pour citer les opérations les plus connues, Nucourt subit plusieurs attaques aériennes alliées entre juin et août 1944, destinées à détruire les carrières qui abritaient des ateliers de montage et des stocks de V1 allemands : le village est quasiment détruit et les alentours fortement touchés. Autres exemples : les gares et les quartiers du centre de Pontoise et de Saint-Ouen-l’Aumône, les immeubles de Nogent près de l’Isle-Adam, la base aérienne de Cormeilles-Pontoise, utilisée par la Luftwaffe…
Aussi, dès le lendemain de la guerre, les communes et les particuliers se lancent dans la constitution de dossiers complexes de déclarations de sinistres « pour état de guerre », afin d’obtenir des indemnisations. Pour beaucoup, ces lourdes procédures aboutiront à la fin de la décennie suivante.
Roselyne Chapeau, Service des Archives communales et de l'inventaire du Patrimoine
Direction des Archives départementales du Val d'Oise
Juillet 2014
Sources disponibles aux Archives départementales
Orientation bibliographiques
- Renoult Bruno, Havelange Geneviève, La bataille du Vexin, 1944-2004, mémorial des combats de la libération. Magnanville : Bruno Renoult, 2004, 2 tomes, 256 p., 336 p. [Cote ADVO BIB 4/1773 et 4/1772]
- Larocque Martial, Association nationale des anciens combattants de la Résistance, Mémorial de l’occupation allemande, de la résistance et de la libération du Val-d’Oise et de ses environs 1940-1944. Argenteuil : comité du Val-d’Oise de l’ANACR, 1986, 226 p. [Cote ADVO BIB 8/2549]
- « 1944-2014 il y a 70 ans… Un été 44, l’histoire de la libération du Val d’Oise »,La Gazette, n°2001, 16 juillet 2014, 8 p. [Cote ADVO BIB PER70]
- http://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/les-lendemains-de-la-liberation-dans-le-nord-de-la-seine-et-oise
Archives publiques
- Dommages de guerre. [Cote ADVO 885 W, 1199 W, 1213 W, 1215 W, 1217 W, 1218 W (1945-1962)]
- Fonds du cabinet du sous-préfet de Pontoise, [Libération]. [Cote ADVO 1 Z 430-436 (1944-1951)]
Archives entrées par voie extraordinaire
- Fonds Wallut (1999-2001) [libération de Pontoise et des alentours par les troupes américaines en 1944 et histoire de la base aérienne de Pontoise-Cormeilles]. [Cote ADVO 1 J 520]
- Fonds Ingelaere (1922-1989) [documents originaux et souvenirs du résistant pontoisien Michel Ingelaere). [Cote ADVO 41 J]
- Fonds Munier (1943-2010) [résistance dans le secteur d’Hédouville]. [Cote ADVO 42 J]