Sucreries et distilleries dans le Val d'Oise

Sucreries et distilleries en Val d'Oise

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A partir de la fin du XIXe siècle, les sucreries et distilleries se multiplient sur le territoire du Val d’Oise, alors que la culture betteravière se développe.

Dès le XVIe siècle, l’agronome Olivier de Serres souligne l’intérêt de cette plante d’Europe centrale pour obtenir du sucre. En France, les premières tentatives sont encouragées par Napoléon Ier, alors que le blocus continental empêche le passage des bateaux en provenance des Antilles, où est cultivée la canne à sucre. Des fabriques s’implantent ainsi à Saint-Ouen-l’Aumône, Roissy-en-France ou encore Beaumont-sur-Oise. Mais la plupart de ces expériences font long feu à la fin de la période napoléonienne. Pourtant, la betterave trouve peu à peu sa place dans les cultures : idéale pour pratiquer l’assolement, elle permet, une fois traitée par les fabriques, de récupérer des pulpes à moindre coût pour nourrir le bétail.

Une activité économique importante

Dans le dernier tiers du XIXe siècle, des sucreries fonctionnent notamment à Us et à Villeron, celle de Goussainville n’ouvrant qu’en 1905. Elles utilisent la production locale et mettent en place des bâtiments intermédiaires, comme des bascules pour le stockage, la pesée, le lavage, ou encore des râperies. Elles construisent également des voies ferrées privées, qui facilitent l’acheminement des betteraves sur les différents lieux d’exploitation.

La récolte de la betterave, manuelle, requiert une main d’œuvre très importante, pour un rendement souvent modeste. Les campagnes, qui débutent en septembre, drainent alors une foule de saisonniers étrangers, dont certains s’installent finalement sur place.

L’ère des distilleries

A côté du sucre, les sucreries extraient des pulpes, utilisées pour l’alimentation fourragère, et des mélasses. Celles-ci entrent dans la fabrication de levure et d’alcool, par des procédés de distillation. A côté de ces usines, existent les « distilleries pures », qui produisent uniquement des alcools, le plus souvent pour l’industrie. Elles peuvent avoir une certaine envergure, mais sont le plus souvent de taille modeste, à l’image de celles qui se multiplient dans les petites exploitations agricoles du territoire.

Enfin, si elle reste plus confidentielle, la distillation de fruits, graines et produits autres que la betterave, est également présente sur le territoire, plutôt axée sur la fabrication de liqueurs.

La fin d’une époque

Durant la Seconde Guerre mondiale, six structures industrielles et treize distilleries agricoles sont actives sur le territoire valdoisien. Globalement florissant jusqu’aux années 1950, le secteur connaît ensuite une grave crise, liée à une production mondiale excédentaire, et la mise en place de contingentements pour l’alcool de betterave. Dans le Val d’Oise, nombre de petites distilleries disparaissent à cette époque. Les plus grosses usines résistent jusque dans les années 1970, avant de céder sous la pression de la concentration industrielle et de la concurrence.

Cette galerie propose un panorama non exhaustif de sucreries et de distilleries du Val d’Oise, dont les vestiges de certaines sont encore visibles dans le paysage.

 

Roselyne Chapeau, Service des publics,

Direction des Archives départementales du Val d’Oise

Avril 2024

 

Pour en savoir plus

Atelier de restitution du patrimoine ethnologique, De la betterave au sucre. Cergy-Pontoise : Conseil départemental du Val d’Oise, 2021. [BIB D 5723]

CONTOUR, Solange, « Le Val d’Oise betteravier, XIXe siècle et première moitié du XXe siècle », Mémoires de la Société historique et archéologique de Pontoise, du Val d’Oise et du Vexin n° 98, Pontoise : 2016, pp. 271-372. [REV 18 98 2016]

GOLINELLI, Jean, « L’odeur du terroir – la fabrique », Bulletin municipal de Villeron. Villeron : janvier 2000. [PER 24 180]

KOSKAS, Charles, « Villeron, un village du Pays de France au tournant du siècle, du blé au sucre », Vivre en Val d’Oise. Le Valhermeil : n°25, avril 1994.. [REV 161]


  • Plan d’ensemble des bâtiments et dépendances de la sucrerie, Magny-en-Vexin, [1926-1930], ADVO, 7 S 1 298(1).
  • Extrait de procès-verbal du conseil départemental d’hygiène, Seine-et-Oise, 1894, ADVO, 7 M 376.
  • La sucrerie, Us, [1910-1930], ADVO, 30 Fi 169 42.
  • Plan de la première sucrerie de Louvres, Villeron, 1866, ADVO, 7 M 409.
  • Courrier à en-tête de la sucrerie, Villeron, 1921, ADVO, E-DEPOT 88 1O4.
  • Rapport des Ponts et chaussées concernant l’établissement d’une voie ferrée industrielle au départ de la sucrerie de Villeron, Seine-et-Oise, 1927, ADVO, 9 S 231.
  • Extrait du bulletin d’informations municipales, Goussainville, avril 1994, ADVO, PER 24 80.
  • La sucrerie-distillerie, Saint-Ouen l’Aumône, [1903-1939], ADVO, 30 Fi 155 132.
  • Publicité pour les Fabriques de levure, sucre et alcools, Saint-Ouen l’Aumône, [1935], ADVO 17 Fi 73.
  • Constitution d’une distillerie coopérative, Nesles-la-Vallée, L’Echo pontoisien, 8 janvier 1914, ADVO, PER 135 18.
  • Ancienne distillerie, Frémainville, cl. C. Ribet, 2014, ADVO, 2465 W 287.
  • Ancienne distillerie, Belloy-en-France, [1970-2012], ADVO, 2468 W 2065.
  • Courrier à en-tête de la distillerie et raffinerie, Persan, 1923, ADVO, 7 S 1 44.
  • Publicité pour la société Le Guillou, Saint-Ouen l’Aumône, [1906-1925], ADVO, 17 Fi 184.
  • Courrier à en-tête de la distillerie de Georges de Bronski, Argenteuil, 1921, ADVO 52 J 2.