L’utilisation d’un bac a longtemps été la solution privilégiée pour franchir une rivière. La construction de ponts a fait de ces points de passage de véritables enjeux stratégiques.
L’architecture des ponts a connu de constantes évolutions. Premier matériau employé, le bois, trop fragile, a été peu à peu remplacé par la pierre et la maçonnerie : un gage de solidité, à nuancer toutefois. En effet les calculs permettant de déterminer la meilleure stabilité de l’ensemble sont longtemps restés incertains, conduisant à des effondrements fréquents, comme ce fut le cas par exemple à L’Isle-Adam avec une arche du pont du Cabouillet au milieu du XVIIe siècle.
De nouvelles possibilités techniques apparaissent à la fin du XIXe siècle avec le fer, la fonte et l’acier. Les ponts n’ont été appelés « ouvrages d’art » qu’à partir de cette époque, désignant alors les structures construites pour permettre le développement du chemin de fer. Le ciment, le béton armé et le béton précontraint jouent quant à eux un rôle primordial au XXe siècle.
Si l’âge d’un pont peut se lire à travers sa structure, ses matériaux ou encore son esthétique, son intérêt stratégique quant à lui défie les siècles. Lieu de passage, il génère au Moyen Age et sous l’Ancien Régime notamment des droits de péage et des taxes, qu’il s’agisse simplement de le traverser, ou d’y faire transiter des marchandises. On peut y installer également moulins, pêcheries, lavoirs, voire des habitations…
Enjambant une rivière navigable, le pont influe sur le cheminement des embarcations : ses arches, qui provoquent des remous au niveau des piles, doivent être assez hautes pour laisser passer les bateaux. Dans le département de Seine-et-Oise, les aménagements successifs de l’Oise à partir de la fin du XVIIIe-début XIXe siècle permettent de mieux contrôler le cours d’eau et d’y faire circuler des gabarits toujours plus imposants. Cela conduit dans la première décennie du XXe siècle au démontage du pont du Moulin à L’Isle-Adam : les arches en pierre sont remplacées par une arche métallique unique et plus haute.
Au XXe siècle toutefois, la destruction des ponts est majoritairement liée aux deux conflits mondiaux. Ainsi disparaît en 1940 le « nouveau » pont de La Roche-Guyon, une construction en béton armé inaugurée cinq ans plus tôt, jamais reconstruite. Indispensables à la circulation, les ouvrages d’arts endommagés à l’occasion des guerres ont toutefois souvent été rebâtis, comme ceux de Pontoise ou de Beaumont-sur-Oise, vers 1947-1948.
Axes d’échanges principaux ou voies secondaires, les ponts font partie de notre paysage quotidien et représentent une catégorie à part entière de constructions publiques, dont certaines sont aujourd’hui classées au titre des Monuments historiques.
Juliette Epain et Roselyne Chapeau, service des Publics,Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Décembre 2021
Pour en savoir plus
Orientations bibliographiques générales
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MESQUI, Jean, Les vieux ponts, Paris : Arthaud, 1998, 143 p. ill. [BIB A/Ru]
PRADE, Marcel, Ponts et viaducs au XIXe siècle : techniques nouvelles et grandes réalisations françaises, Poitiers : Brissaud, 1988, 407 p. ill [BIB F 478]
Orientations bibliographiques - histoire locale
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CONTOUR, Solange, « Les vicissitudes du pont entre Mériel et Valmondois », Vivre en Val-d’Oise, n° 42, 01/02/1997, p. 57-59 [PER REV 61]
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