Pour la sixième fois, le Tour de France passera dans le Val-d’Oise. La dernière étape traversera le département, d’Asnières-sur-Oise à Argenteuil.
Lors des éditions de 1938, 1999 et 2004, les coureurs avaient emprunté quelques routes du Vexin. Pontoise avait donné le départ de la seconde étape du Tour en 1961, et Cergy-Pontoise celui de la sixième étape en 1984. Un engouement de la population toujours aussi vif qu’à ses débuts.
La « Grande boucle »
La « Grande Boucle » est née en 1903 d’une idée un peu folle d’Henri Desgrange, directeur du journal L’Auto qui est alors en concurrence avec Le Vélo. Les ventes de ce dernier sont bien supérieures, surtout depuis que son rédacteur en chef Pierre Giffard a inventé les courses cyclistes Paris-Brest et Bordeaux-Paris.
Depuis, le Tour de France est un événement sportif dont la popularité ne s’est jamais démentie quel que soit les « affaires » qui l’accompagnent. La population qu’elle soit en vacances ou non est au rendez-vous pour acclamer les coureurs par tous les temps. Et la course est aussi prisée des politiques. Les élus proposent leurs communes aux organisateurs et réservent un budget conséquent pour sécuriser le tracé et offrir les infrastructures nécessaires, comptant sur la couverture médiatique internationale et sur les retombées touristiques et publicitaires. Les Présidents de la République se doivent d’accueillir les coureurs dans une des villes-étapes.
Le cyclisme dans le Val-d’Oise
Alors que le sport patriotique se développe après 1870 avec la multiplication des associations de gymnastique, la pratique de la « petite reine » passe de simple moyen de transport au sport permettant de s’évader du quotidien. A la fin du XIXe siècle, on recense alors 37 associations dans des communes riveraines de l’Oise et de la Seine dans le département de Seine-et-Oise dont faisant partie le territoire valdoisien. La première union vélocipédique est créée en 1896 à Marines.
La diminution du temps de travail et la loi sur les associations de 1901 incitent la population à occuper son temps nouvellement libre. Nombre de ruraux qui ont rejoint les banlieues naissantes autour de Paris aspirent à retrouver la campagne le temps d’une randonnée ou d’une course cycliste. Les progrès techniques et l’industrialisation de la bicyclette au début du XXe siècle permettent d’en baisser le coût. De nombreuses sociétés populaires voient le jour en Seine-et-Oise et la bicyclette joue un grand rôle dans la démocratisation du sport. En 1894, on compte 2 500 vélos et, en 1914, 4 500 000 en France.
Dans les années 1930, les associations organisent régulièrement des courses cyclistes sur le territoire : on en compte 194 en 1938. La presse sportive s’en fait facilement le relais, ce qui rend bien service à l’industrie du cycle. Certaines unions cyclistes profitent de leurs sorties pour jeter des tracts communistes à la volée, ce qui inquiète l’administration. Il faut dire que la Fédération sportive du travail, créée en 1934, regroupe des associations ouvrières ou sport et militantisme vont de pair. Après la Seconde Guerre mondiale, le cyclisme amateur et professionnel connaît un important développement. Et ces dernières années, dans un souci d’écologie et de développement durable, les cyclistes ont réinvesti les villes utilisant les nouveaux services que sont les « Vélibs » et les vélos électriques.
Sylvie Dechavanne, Sophie Delinge, Service des Publics
Direction des Archives départementales du Val-d’Oise
Mai 2016
Pour en savoir plus :
Garrigues, Martine, Sport et société : 1870-1914. Paris : Archives nationales-CRDP, s. d. 13 p. [BIB D466]
Froissart, Tony, « Sport populaire » de Seine-et-Oise 1880-1839. Paris : L’Harmattan, 2003, 293 p. [BIB 8/4764]
Froissart, Tony, L’impasse du sport rural : la Seine-et-Oise de 1881 à 1939. Besançon : Presse universitaire de Franche-Comté, 2006, 224 p. [BIB 8/5012]
Patrimoine en Val de France, Loisirs, septembre 2007. [BIB PER173]
Patrimoine en Val de France, Mobilités, septembre 2005. [BIB PER173]
Ollivier, Pierre, Chronique du Tour de France. Paris : Larousse, 2013, 128 p.
"Le Tour de France va enfin renouer avec les routes du Val-d’Oise", Le Parisien, 27 octobre, 2015. [BIB PER199]