30 mai 1942, ADVO, 1 Z 389.

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Présentation du document : Ce document est un tract qui a été retrouvé par la police d’Ermont lors d’une alerte dans la nuit du 29 au 30 mai 1942, de 2h45 à 4h25 route de Saint-Leu, vraisemblablement jetés par des avions étrangers. Il dénonce le procès de Riom contre des personnalités politiques qui a eu lieu le 19 février 15 avril 1942. Ce procès très médiatisé et voulu par le gouvernement de Vichy a pour but de rendre la IIIe République et ses acteurs responsables de la guerre et de la défaite. Ce tract défavorable au procès dénonce auprès de la population les objectifs poursuivis par le régime du Maréchal Pétain.
Imprimé, ce document est diffusé alors que la presse d’opposition est censurée ou interdite.

Analyse sommaire : C’est un écrit composite avec, au recto, une interpellation du lecteur pour toucher son sentiment nationaliste, au verso, une alternance de gros titres et d’analyses.
Le fait de dire au recto que les « accusateurs », « accusés » ou « témoins » ne sont pas des « agents libres » tend à dédouaner le régime de Vichy et à présenter la thèse du bouclier que représenterait le maréchal Pétain contre l’Allemagne nazie. Deux
expressions sonnent particulièrement : le « unissez-vous » fait écho au manifeste du Parti communiste de Karl Marx qui se finit par la célèbre phrase devenue devise de tous les partis communistes « Prolétaires de tous pays, Unissez-vous ! » et la vieille expression française « bouté hors de France » prêtée à Jeanne d’Arc lorsqu’elle prétendait avoir entendu des voix l’invitant à « bouter les Anglais hors de France ». Ces deux références, nationaliste catholique et communiste, montrent la volonté des auteurs de ce tract de rassembler tous les Français autour d’un projet commun de défense nationale contre l’Allemagne.
Il est intéressant de remarquer les allusions qui émaillent le texte au verso. Le procès de Riom a été « imposé par l’Allemagne » ; or on sait aujourd’hui que le Maréchal Pétain
tenait particulièrement à ce procès. Pour ce faire, il a mis en place l’acte constitutionnel n° 7 du 27 janvier 1941 qui rend personnellement responsables les fonctionnaires devant
le chef de l’Etat et où il précise dans l’article 5 : « Les articles 3 et 4 du présent acte sont applicables aux anciens ministres, hauts dignitaires et hauts fonctionnaires ayant exercé leur charge depuis moins de dix ans. »
De plus, le parallèle fait entre le procès de Riom et l’Affaire Dreyfus souligne d’une part, la continuité de la politique allemande pour diviser la France et son armée, Gaullistes et
Pétainistes, d’autre part, l’antisémitisme qui sous-tend aussi ces deux affaires (Léon Blum, président du Conseil du Front populaire et Alfred Dreyfus, officier français).
Ce procès manipulé a été un échec car la culpabilité du personnel politique n’a pas pu être prouvé et Hitler a fait pression sur le gouvernement de Vichy pour que le procès soit
ajourné.

Pistes d'exploitation :

Compter le nombre de fois où apparaissent le mot « France » ou « Français ». Qu’en déduisez-vous ?

Relevez les ennemis clairement identifiés dans le texte puis les expressions qui parlent du gouvernement de Vichy. Qu’en déduisez-vous ?

Quelle forme d’action est suggérée dans ce tract ? Comment classer ce type de tract du point de vue de la communication dans la Résistance et de l’action des Résistants ?

CNRD 2012-2013 - Communiquer pour résister (1940-1945)

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