1945, le temps de la reconstruction

La Seine-et-Oise bombardée

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Argenteuil et Bezons survolées par un avion américain, 5 août 1944, ADVO, 1 Fi 200 13.

1945 est l’année de la victoire, la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’avènement d’un nouvel ordre mondial et aussi le temps de la reconstruction. Plus connue en France chez les historiens et les derniers témoins de la période de guerre, elle l’est moins dans l’imaginaire collectif. Bien des villes reconstruites ne portent plus les stigmates des bombardements et des combats, hormis les plaques commémoratives.

Pourtant, près de 460 000 immeubles ont été détruits, 1 500000 endommagés, 90 000 établissements industriels sinistrés, sans compter les chemins de fer et les ponts, 74 départements ont été touchés, au lieu de 13 en 1914-1918. La Seine-et-Oise n’a pas échappé à cette vague de destructions sans précédent. Déjà, en juin 1940, Pontoise a été bombardée par les Allemands, l’Hôtel-Dieu sévèrement touché au point de n’être plus reconstructible, le pont détruit par le Génie français en retraite. 

La société électro-câble ACOME, Argenteuil, après le bombardement du 29 avril 1942. (jpg - 1392 Ko)

La société électro-câble ACOME, Argenteuil, après le bombardement du 29 avril 1942, ADVO, 1218 W 6.

Jusqu’à la Libération de 1944, de nombreux avions alliés ont survolé le département en vue de la destruction des points stratégiques dont se sert l’ennemi : usines, carrières souterraines, ponts, gares, etc…. Des villes et villages comme Argenteuil, Bezons, Nucourt, Pontoise, L’Isle-Adam, ont subi de multiples attaques aériennes, causant d’importants dommages dans les alentours et tuant des civils. Pire, certains villages ou bourgs ont été endommagés sans raison : ainsi  La Roche-Guyon, pourtant évacué par les Allemands, a été bombardée par les Américains.

Après les brefs combats de la Libération, il fallait supporter la chute des fusées allemandes, du type V2. Sur les 78 engins qui se sont abattus sur la France, deux ont atteint Deuil-la-Barre et Puiseux-en-France en octobre 1944. 
Pour en savoir plus sur les bombardements par des V1 et V2, cliquer ici.

La Seine-et-Oise libérée

Reconstruction après la guerre, Pontoise, Saint-Ouen-l'Aumône. (jpg - 922 Ko)

Reconstruction après la guerre, Pontoise, Saint-Ouen-l'Aumône, années 1950, ADVO, 29 Fi 149.

Le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU), créé le 16 novembre 1944, concrétise la volonté de l’Etat de planifier et d’organiser la remise en état des immeubles et des ouvrages d’art détruits par la guerre. Cette volonté ne fait que poursuivre et amplifier une politique augurée par le régime de Vichy, à la suite des destructions de 1940. C’est aussi l’occasion de repenser l’urbanisme et de moderniser l’habitat en y intégrant des éléments de confort.

Le courage des survivants, le retour des prisonniers de guerre de 1940, la démobilisation des soldats de la Libération et même le recours aux prisonniers allemands contribuent au démarrage des chantiers.

Le plan Marshall concourt au redressement de l’Europe, à partir de juin 1947, suppléant les emprunts dont les plus célèbres sont les emprunts nationaux de novembre 1944 et de février 1949. Entre ces deux dates, les départements lancent aussi des emprunts à l’échelle locale comme la Moselle, le Calvados et aussi la Seine-et-Oise.

Emprunt pour la reconstruction de la Seine-et-Oise. (jpg - 6094 Ko)

Emprunt pour la reconstruction de la Seine-et-Oise, affiche, ca 1947-1950, ADVO, 17 Fi 171.

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Les emprunts de la reconstruction, Le Régional, 327, 1er novembre 1947, ADVO, PER 100/3.

La loi du 28 octobre 1946 organise la politique d’indemnisation des sinistres causés par la guerre. Un réseau de délégations départementales est chargé d’examiner la recevabilité des dommages, d’établir l’ordre des priorités, d’examiner les projets de reconstruction, de contrôler l’avancement des travaux et d’ordonnancer le financement par le Crédit national.

Corrélativement, se constituent des groupements comme celui des sinistrés de la Vallée de l’Oise ou l’association des sinistrés de Pontoise et de Saint-Ouen-l’Aumône, dans le but de gérer le remembrement lié à la reconstruction et à l’urbanisme et de mieux défendre leurs intérêts face à la lenteur de la remise en état des logements. Il faut en effet de longues années pour faire disparaître les ruines dans la Seine-et-Oise comme partout en France.

Patrick Lapalu, Service des archives anciennes, modernes et privées
Direction des Archives départementales du Val-d’Oise
Mai 2015

Pour en savoir plus

Archives publiques 

Délégation départementale aux dommages de guerre. - Dossiers individuels d’indemnisation (1845-1962). [885 W, 1199 W, 1213 W,  1215 W, 1217 W, 1218 W]

Ministère de la reconstruction et de l’urbanisme. -197 plans concernant 64 communes (1941-1966). [1981 W]

Sous-préfecture de Pontoise. – Reconstruction : dossiers sur les dommages de guerre, les prisonniers allemands et le désobusage (1945-1951). [1 Z 434-436]

Bibliographie

EDDY, Florentin, Quand les alliés bombardaient la France, 1940-1945. Paris : Perrin, 1997, 471 p. [BIB 8/3777]

Reconstruction et modernisation, la France après les ruines 1918… 1945… Exposition organisée par la Direction des Archives de France. Paris : Archives nationales, 1991, 483 p. [BIB 8/3027]

VOLDMAN, Danièle, La reconstruction des villes française de 1940 à 1954. Paris : L’Harmattan, 1997, 310 p. [BIB 8/3735]