Quand le papier et l’eau font bon ménage…

Les archives peuvent illustrer l’importance de l’eau dans la vie économique et sociale, par le biais de l’étude des rivières, navigables ou non. La Direction des Archives départementales du Val-d’Oise dispose de riches fonds reflétant les activités humaines le long de ces voies d’eau, tout particulièrement à partir du XIXe siècle.

Un trésor méconnu

Le Crould, « Un aspect de la rivière le Croult dans la traversée de la rivière. (jpg - 867 Ko)

Le Crould, « Un aspect de la rivière le Croult dans la traversée de Gonesse. Malgré un curage exceptionnel exécuté en janvier-février 1946, le lit est envahi par la végétation aquatique », Gonesse, 19 juin 1946, ADVO, 7 S 2 331/2.

Les dossiers instruits par la Préfecture et l’administration des Ponts-et-Chaussées ont été récemment classés dans les sous-séries 7 S 1 et 7 S 2. Ces deux fonds, administratif et technique, se complètent : outre la correspondance, le chercheur y trouvera des pétitions, des rapports, des plans et profils, des arrêtés, des procès-verbaux de visite et de récolement, parfois des photographies…
Ajoutons la sous-série 7 S 3, concernant des syndicats de rivière (principalement celui de la Viosne), qui permet de mesurer l’impact des incidents et des travaux d’entretien chez les riverains.

Suivez le guide !

Ru de Montlignon et emplacement du lavoir Mathilde, Saint-Gratien. (jpg - 6197 Ko)

Ru de Montlignon et emplacement du lavoir Mathilde, Saint-Gratien : plan, profils et dessins des vannes, 27 novembre 1865, ADVO, 7 S 2 408(1).

Le Val-d’Oise bénéficie d’un dense réseau hydrographique, à commencer par deux cours d’eau navigables. Au sud, la Seine sert occasionnellement de frontière avec les départements voisins ; au centre, l’Oise assure la liaison entre le nord de la France, la région parisienne et la Normandie.

Quant aux rivières et rus non navigables, ils sont harmonieusement répartis sur tout le territoire. L’ouest du département est marqué par l’Epte servant de limite entre la Normandie et l’Ile-de-France. Elle est alimentée par l’Aubette de Magny et son principal  affluent, le ru de Genainville. Plus loin, sillonne un petit réseau appelé la Vallée du Roy, comprenant les rus de Vienne, de Chaudry et de la Goulée. S’y ajoute l’Aubette de Meulan qui traverse le Val-d’Oise puis les Yvelines. Ces cours d’eau ont tous la particularité de se jeter dans la Seine.

L’Oise récupère divers ruisseaux, dont trois principaux : la Thève et son affluent l’Ysieux, le Sausseron et la Viosne qui achève sa course à Pontoise.

Plus à l’est, le bassin du lac d’Enghien se singularise par sa complexité et les modifications de lits au fil des ans. Avec l’urbanisation, de nombreux rus sont aujourd’hui recouverts et parfois différemment identifiés dans le temps et dans l’espace : ainsi, le nom de Grand-Grill, qui s’appliquait à un ancien canal vers le lac d’Enghien, est souvent utilisé pour désigner le ru d’Ermont !

Enfin, du côté de la Plaine de France, se distinguent deux rivières importantes : le Croult et le Petit-Rosne, avec des affluents provenant de la Seine-Saint-Denis (le Sausset, la Morée, le Rouailler, la Molette). La butte de la forêt de Montmorency sert, quant à elle, de château d’eau pour alimenter à la fois le bassin d’Enghien et les affluents du Petit-Rosne.

Des moulins aux sangsues !

Reconstruction du moulin sur la rivière de Viosne. (jpg - 5565 Ko)

Reconstruction du moulin sur la rivière de Viosne, Courcelles-sur-Viosne : plan, coupes et profils, 27 prairial An XI, ADVO, 7 S 1 180 (1).

Les activités sont évidemment concentrées autour des moulins ; nombreux au XIXe siècle, ils sont progressivement détrônés par les machines à vapeur de la révolution industrielle. Ils semblent toutefois avoir été plus rares du côté du lac d’Enghien si l’on en croit les archives disponibles.

Le passage et la proximité des cours d’eau suscitent l’implantation des ponts et passerelles, des prises d’eau, des abreuvoirs, des lavoirs, des cressonnières, et parfois des fontaines ou des étangs. Un affluent du Sausseron a même donné lieu à un élevage de… sangsues !

Les activités industrielles sont parfois à l’origine de pollutions. C’est le cas de la sucrerie d’Us sur la Viosne, ou encore d’une fabrique de pansements installée dans un moulin de l’Aubette de Magny pendant la Guerre de 1914-1918.

Enfin, les inondations causent régulièrement des soucis aux riverains. Conséquence parfois de fortes pluies ou de la fonte des neiges, elles sont aussi imputables à l’absence d’entretien ; un problème résolu grâce au curage régulier ou au renforcement des berges.

Cet ensemble d’archives présente ainsi une belle richesse patrimoniale et scientifique qui reste encore à explorer et à exploiter. Les plans les plus remarquables ont été numérisés.

Patrick Lapalu, Service des archives anciennes, modernes et privées
Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Juin 2021

Pour en savoir plus

Liste des cours d'eau non navigables

Fonds de la préfecture de la Seine-et-Oise [7 S 1]
Fonds des Ponts-et-Chaussées [7 S 2]
Fonds de syndicats [7 S 3]

  • L’Epte et l’Aubette de Magny

7 S 1 240 à 337 (1716-1942)
7 S 2 177 à 237 (an XI-1949)

  • La Vallée du Roy (Vienne, Chaudry, Goulée)

7 S 1 338 à 372 (an XI-1931)
7 S 2 272 à 295 (an VI à 1960)

  • L’Aubette de Meulan

Le fonds de la Préfecture se trouve aux Archives départementales des Yvelines.
7 S 2 238 à 271 (an XII-1977)

  • Bassin de l’Oise, avec la Thève, l’Ysieux, le Sausseron et la Viosne

7 S 1 1 à 239 (1768-1951)
7 S 2 1 à 176 (1612-1964)
7 S 3 1 à 62 (an IX-1940) – Seulement la Viosne et le Sausseron.

  • Bassin du lac d’Enghien

7 S 1 495 à 523 (1792-1941)
7 S 2 397 à 418 (an XIII-1961)

  • Le Croult et le Petit-Rosne

7 S 1 373 à 494 (an VII-1954)
7 S 2 296 à 396 (an X-1959)