Les acquisitions d'archives en 2024
De nombreux documents ont rejoint les collections en 2024. En voici un bref aperçu.
Seconde Guerre mondiale et libération du territoire

Groupe d’habitants et soldats américains à Persan, photographie, 1944, achat, ADVO, 1 Fi 200 590
Dans le cadre de la commémoration du 80e anniversaire des Débarquements, de la Libération et de la Victoire, les Archives départementales ont participé à la grande collecte d’archives privées initiée par le ministère de la Culture. Elle s’est traduite par l’entrée d’une douzaine d’ensembles documentaires illustrant les conditions de vie des Valdoisiens durant cette période et particulièrement les événements liés à la Résistance et à la Libération entre 1944 et 1945 : le fonds Robert Descamps, l’une des grandes figures résistantes du département [122 J], des photographies de la libération de Persan [1 Fi 200 587 à 590] et de Groslay [1 J 847 à 879], la lettre d’un jeune homme, Serge Gosset, narrant à sa mère avec force détails la libération de Taverny [1 J 896]… La collecte autour de ces thématiques demeure d’actualité au cours de l’année 2025 et nourrit les ateliers pédagogiques proposés aux scolaires.
Grands sites départementaux

Saint-Ouen-l'Aumône, abbaye de Maubuisson. - Propriété Durand. Série de quatre dessins et d'une légende réalisée par l'architecte Henri Delaage, 1884, achat, ADVO, 1 Fi 200 651.
Un intérêt tout particulier est accordé aux sites patrimoniaux du département d’autant plus quand ils sont propriétés du Conseil départemental. L’iconographie de l’abbaye de Maubuisson à Saint-Ouen-l’Aumône, aujourd’hui centre d’art contemporain, s’enrichit de quatre dessins [1 Fi 200 651]. Ils sont l’œuvre de l’architecte Henri Delaage (1857-1942) qui, après des études à l'Ecole des Beaux-arts de Paris entre 1876 et 1885, collabore avec son père Albert Delaage, Gustave Gerhardt et Ernest Coquart. Ils ont été réalisés vers 1884 au moment de la transformation de l’ancien logis abbatial en château par les nouveaux propriétaires Edmond Durand et son épouse Augustine Levasseur. Pour soumettre son projet, l’architecte juxtapose astucieusement d’une part le passé médiéval du domaine avec une copie d’un plan ancien et une élévation du cloître ; et d’autre part la modernité, le confort de la demeure d’habitation qu’il propose avec un plan et une élévation mettant en valeur un jardin d’hiver.
Les fonds épistolaires

Portrait de Michel Régnaud de Saint-Jean-d’Angély, lithographie, vers 1810, achat, ADVO, 6 Fi 76
Les correspondances constituent un matériau de choix pour les chercheurs. Elles sont parfois modestes dans leur forme et leur contenu comme ces 39 lettres écrites par l’entourage de Pierre Parquet (1898-19..), jeune homme de Vauréal mobilisé de mai 1917 à mai 1920 dans le 104e régiment d’artillerie lourde. Ces missives transmettent les nouvelles du pays (vie quotidienne, travaux agricoles…), dressant le tableau d'une société en guerre, à l'échelle d'une famille d'un petit village de l’ancienne Seine-et-Oise.
Plus conséquentes sont les quelques 400 lettres que Michel Regnaud de Saint-Jean-d’Angély (1760-1819) a échangé notamment avec son épouse, Laure de Bonneuil. Ce grand serviteur du Premier Empire s’est installé avec les siens dans la vallée de Montmorency, entre Saint-Leu-la-Forêt, Eaubonne et surtout l’abbaye du Val à Mériel. Au-delà du témoignage sur la vie privée d’une famille de la grande bourgeoisie impériale, le fonds, préempté en salle des ventes, apporte un éclairage exceptionnel sur la vie politique et culturelle de l’Empire : les mots qu’échangent les époux, se font tour à tour l’écho des batailles européennes, des commerces de la cour et des affaires de l’Etat napoléonien.
D’autres motivations président parfois à la production épistolaire. C’est le cas du fonds Eugène Turpin qui rassemble les lettres entre le chimiste pontoisien, inventeur d’explosifs, et le ministère de la Guerre entre 1878 et 1911. En deux gros volumes, Turpin (1848-1927) ordonne près de 400 lettres et documents présentant, comme une justification, une carrière scientifique dévouée au service de la défense de la Patrie et contrariée par des relations tendues avec l’administration, entre procès retentissants et incarcération pour espionnage.
Le Val-d’Oise s’affiche

La Nuit des vieux organisée à Deuil-la-Barre, affiche, 1948, achat, ADVO, 17 Fi 259
L’occasion s’est offerte de compléter la collection d’affiches publicitaires et touristiques par des thématiques culturelles et locales. A Deuil-la-Barre, un bal populaire est ainsi donné en 1948 par l’Union syndicale des commerçants, industriels et artisans au profit des personnes âgées de la commune [17 Fi 259]. Cette « nuit des vieux » - ainsi que la désigne l’affiche - est organisée sous les auspices des autorités locales, à commencer par le maire Mathieu Chazotte et M. Julien, président de l’association des Vieux travailleurs. C’est l’orchestre « bien connu » Jazz de Paris, dirigé par Manfrino et ses musiciens de l’Air qui vont animer la soirée, accompagnés par Victor Viani et une « vedette surprise » dont l’histoire ne dit pas le nom.
Le document trouve sa valeur dans son illustration empreinte d’humour espiègle réalisée par Romey : devant un mur mentionnant la réglementation en matière de défense d'afficher, un vieux colleur d'affiche achève de positionner cette dernière promouvant l'événement, alors qu'un gendarme l'appréhende. L’attitude débonnaire du colleur juché sur son échelle s’oppose à la posture autoritaire du représentant de l’ordre, dont l’ombre menaçante sur le mur vient accentuer la réprimande. A ses pieds, un chien errant, pataugeant dans le seau de colle, salit avec application les souliers de l’agent.
La bibliothèque patrimoniale

Ballon de Franconville, gravure, 1784, achat, ADVO, BIB 8 6356
La bibliothèque des Archives départementales est centrée sur l’histoire locale et complète utilement les fonds d’archives. Périodiques et livres édités récemment côtoient des ouvrages anciens souvent repérés chez des libraires spécialisés.
La Description d'une partie de la Vallée de Montmorenci et de ses plus agréables Jardins [BIB 8/6356], publié chez Moutard en 1784, est un petit guide touristique avant l’heure. Il présente quelques-uns des grands domaines aristocratiques de la vallée et notamment celui du comte d’Albon, réputé pour ses jardins dédiés à la culture des Lumières. La description de l’auteur, un certain Le Prieur, ancien professeur de grammaire à l’Ecole militaire, est accompagnée par 26 planches gravées qui présentent les différents mobiliers et éléments du parc : grotte de Young, chalet suisse, tombe d’Haller, colonne de Mirabeau, monument à Guillaume Tell… On y trouve aussi un plan général du domaine et surtout deux rares planches, dépliantes, sur l'Ascension du ballon de Franconville le 16 janvier 1784 (dont une tirée en sanguine), relatant le premier voyage dans les airs embarquant des animaux qui furent, malgré le grand froid, récupérés vivants.
L’exemplaire richement relié est augmenté d’illustrations de formats divers sur Montmorency et ses environs, du portrait de Madame d'Houdetot, dont la maison de campagne se trouvait à Sannois, et enfin du texte d'Amédée Achard sur la Vallée de Montmorency (publié dans les Environs de Paris en 1844).