Le fonds Coulon : une expérience photographique familiale en Val-d'Oise
Alfred Coulon, un pionnier
Portrait de la famille d'Alfred Coulon, [1850-1866].
© ADVO, 65 Fi 6
Avocat au barreau de Paris puis greffier de la Cour de cassation, Alfred Coulon (1826-1898) emménage dans les années 1850 à Saint-Gratien, une localité de Seine-et-Oise située sur les berges du lac d’Enghien-les-Bains. La région est alors en plein bouleversement, dynamisée par l’essor de la station thermale qui accueille désormais la bonne société parisienne du Second Empire. Entouré de sa belle-famille dont le père Laurent Terré, un ancien juge au tribunal de commerce de la Seine, est le maire de la commune, Coulon va donner libre court à sa passion pour la photographie. Membre de la toute nouvelle Société française de photographie, il participe au développement de cet art naissant aux côtés de Gustave Le Gray, Henri de la Blachère et Paul Berthier.
Plus de 400 photographies
Epinay-sur-Seine. - Auberge Au Vrai Cygne d'Enghien, [1875-1890].
© ADVO, 65 Fi 77
Entré aux Archives départementales du Val-d’Oise en 2023 avec l’aide financière du ministère de la Culture, le fonds Coulon contient plus de 400 photographies émanant de la pratique parfois expérimentale d’Alfred Coulon mais aussi de ses descendants. Un premier ensemble présente les photographies rassemblées par Alfred Coulon entre 1850 et 1890. Quelques 175 photographies, dont un grand nombre de photo-cartes réunies en albums, présentent des portraits de famille et de relations amicales et professionnelles, notamment le milieu de la robe parisienne. Viennent ensuite des tirages sur papier albuminé, dont un grand nombre de grands formats offrant des vues de Saint-Gratien : propriétés des Terré et des Coulon, domaine de la princesse Mathilde Bonaparte, leur impériale voisine et amie, demeures remarquables du pourtour du lac comme celle du maire d’Enghien Jules Robin. Certains tirages présentent des vues de lieux disparus ou désormais transformés, comme l’auberge du Vrai Cygne d’Enghien et la première église de la paroisse avant sa démolition à la fin des années 1850. D’autres tirages livrent des sujets propres à la mode du temps comme des mises en scène de pifferari ou de vélocipédistes. Le fonds recèle enfin des portraits inédits des personnalités gravitant autour de la princesse Mathilde tel que le peintre Eugène Giraud. La plupart de ces photographies sont réalisées par Alfred Coulon, mais certaines portent l’estampille de l’atelier de Paul Berthier. Certains tirages résultent des prouesses du photographe pionnier qu’était Coulon, effectuant des prises de vues originales, tirant des épreuves colorisées et des photo-montages audacieux pour l’époque.
Les descendants d'Alfred Coulon
Portrait d'Auguste et de Marie-Thérèse Coulon enfants en tenue de cuirassiers, [1887-1890].
© ADVO 65 Fi 19
Le fonds présente également des photographies du fils d’Alfred Coulon, Gustave (1854-1942). Peintre amateur plutôt que photographe, ce commissaire-priseur parisien laisse une trentaine de clichés, miroir de sa vie de famille et de ses fréquentations artistiques et littéraires. L’ensemble offre ainsi des portraits dédicacés par ses amis tels que le sculpteur Emile Chatrousse, les chansonniers Lionnet, le poète Maurice Rollinat ou encore la danseuse mondaine Cleo de Mérode.
Le fonds Coulon contient enfin des photographies réunies par les petits-enfants, Auguste et de Marie-Thérèse Coulon, tous deux comédiens de la scène parisienne durant la première moitié du XXe siècle. La sœur notamment, connue sous le pseudonyme de Marie-Thérèse Lorza joue dans diverses troupes comme celles des Nouveautés, du Fémina et de l’Odéon. Outre leurs portraits respectifs en différentes périodes de leurs existences, cette série propose des photographies d’acteurs parisiens adressées à Marie-Thérèse.
La propriété de Saint-Gratien est vendue dans les années 1960 puis transformée en lotissement, à l’image du territoire bordant les rives du lac d’Enghien.
Sébastien Langlois, responsable du pôle Archives iconographiques et privées
Service du Patrimoine, direction des Archives départementales du Val d'Oise
Septembre 2025

