1964-2014 : La réforme territoriale, une nouveauté pour le Val-d’Oise ?

La Renaissance de Sarcelles, 29 février, 1964, ADVO, BIB PER 106 1.
© ADVO
Le 10 juillet 1964, était votée la loi n° 64-707 sur la réorganisation de la région parisienne, entrée en application le 1er janvier 1968. Jusqu’alors, le territoire actuel du Val-d’Oise faisait partie du département de la Seine-et-Oise né en 1790 avec pour préfecture Versailles.
L’idée est qu’administration et politique soient plus près des citoyens et plus efficaces. La ville de Paris devient le département de la Seine et six autres départements sont créés : le Val-d’Oise, l’Essonne, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Yvelines. A leur tête des conseils généraux dont le président préside l’assemblée départementale sans administrer les services départementaux, ce qui sera le cas après la loi n° 82-213 de décentralisation de 1982. Ces nouvelles circonscriptions vont alors chercher à se créer leur propre identité.
Cinquante ans après il est intéressant de revenir sur les motivations principales de cette loi fondatrice du Val-d’Oise au moment où sont redessinés les périmètres des régions et où est annoncée la disparition des conseils généraux.
Des raisons démographiques et économiques

Tiré à part de Paris-Match, s.d., ADVO, BIB D 4236.
© ADVO.
La signature des accords d’Evian en 1962 a entraîné le retour massif en métropole des Français d'Algérie, dits Pieds-Noirs. S’ajoute à cela l’exode rural amorcé dès 1945 et l’accroissement démographique de la population française d’après guerre. Nombreux viennent s’installer en région parisienne encore majoritairement rurale. La volonté du gouvernement est alors de désengorger la capitale et de rééquilibrer la répartition de la population sur le territoire régional. Dans cet esprit, est mis au point le premier schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne (SDAURP).
La Seine-et-Oise manque de logements et d’équipements publics pour accueillir cet afflux de population qui travaille dans les usines. Elle fait face à une urbanisation anarchique dans un contexte de développement économique fort et d’industrialisation importante des banlieues. Le préfet devient maître d’œuvre des grands travaux de construction des années 60. Les grands ensembles sont construits, les villes nouvelles sortent de terre à partir de l’ancien village de Cergy, d’Evry-Petit-Bourg…
Des raisons administratives et politiques

Une dans L'Avenir, 11 octobre 1967, ADVO, BIB PER 10 218.
© ADVO.
Il y a aussi une volonté affichée de mieux diriger et animer les services de l’Etat. Est clairement mise en valeur par les auteurs de la loi, la nécessaire proximité géographique avec les administrés. En effet, la distance entre Pontoise et Versailles était considérée comme trop importante en raison de l’insuffisance de grandes infrastructures routières. L’autoroute A 15 sera inaugurée le 15 décembre 1976 et le réseau ferroviaire développé en parallèle en 1979.
Le contexte politique joue aussi un rôle important dans cette réforme. Les élus constatent un affaiblissement de la participation de la population locale à la vie publique en raison du nouveau mode de vie rythmée par les migrations pendulaires. La vie dans les cités-dortoirs des travailleurs en région parisienne ne facilite pas leur engagement politique au niveau local. Le préfet du département et non plus de la région devient donc un acteur principal de l’Etat sur le terrain politique. Cette proximité a aussi pour but de contenir les réseaux d’influence locale, notamment le parti communiste et la Section française de l’internationale ouvrière, considérés à l’époque comme réfractaires à la réforme en cours.
Cette loi vient donc appuyer la politique de l’Etat au plus près des administrés et a inspiré les bases de ce que sera le Grand Paris de demain.
La Direction des Archives départementales conserve un certain nombre de fonds d’archives et d’ouvrages de bibliothèque sur la création du département et du conseil départemental qui peuvent être consultés en salle de lecture. Une exposition « L’invention du Val-d’Oise » y a d'ailleurs été présentée.
Sophie Delinge, Service des PublicsIsabelle Frizl, Service des Archives contemporaines
Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Juillet 2014
Pour en savoir plus
Fonds d’archives
Préfecture du Val d’Oise, Secrétariat général, secrétariat particulier. [208 W]
Préfecture du Val d’Oise, Cabinet du Préfet, bureau du cabinet. [221 W 1-2]
Bibliothèque
Les cahiers du Val-d’Oise. [ BIB PER29/2/1967]
Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme, ville nouvelle de Cergy-Pontoise, Ministère de l'urbanisme et du logement. - [s.n.], 1983. [BIB D3377]
Edouard Bruley, Seine-et-Oise, collection des départements et pays de France, Albin Michel, Paris, 1928. [BIB E1200]
L’Invention du Val-d’Oise, 1920-2000, Conseil général du Val-d’Oise, 2001. [BIB E1208]
Desanti Jacqueline, Guinard Laurent et Pourny Michel, Cergy : du village à Saint-Christophe. Editions Edijac, 1988. [BIB 4/1739]
"Cergy-Pontoise, naissance d'une ville", Paris-Match. - Paris-Match, [s.d.]. [BIB D4236]
Pernet Jeanne, Bibliographie sélective de textes, ouvrages et articles de périodiques et revues concernant les villes nouvelles et Cergy-Pontoise. [s.n.], [s.d.]. [BIB D253]
Hirsch Bernard, L' Invention d'une ville nouvelle : Cergy-Pontoise, 1965-1975 : récit d'un témoin. Presses de l'Ecole nationale des Ponts et chaussées, 1990. [BIB 8/2905]
Des liens utiles :
http://www.valdoise.fr/5-le-fonctionnement-de-l-institution.htm
http://www.valdoise.fr/ressource/130/9-metropole-grand-paris.htm