Des bienfaits du dépoussiérage des archives
Le dépoussiérage constitue un enjeu majeur pour optimiser la conservation et la consultation des documents d’archives ; sa mise en œuvre demande la maîtrise de matériels et de procédures spécifiques. Au sein de la Direction des Archives départementales du Val-d’Oise, c’est une des missions de la cellule logistique, dirigée par Thibaut Balanger depuis sa mise en place en 2016.
Pourquoi est-il important de dépoussiérer les documents d’archives ?

Un archiviste dans un magasin de stockage, 2019, ADVO.
© cl. R. Chapeau.
T. B. : « Il s’agit d’abord d’une démarche de conservation préventive. La poussière est propice au développement des moisissures, qui peuvent entraîner la destruction partielle voire totale des documents contaminés. Le Service interministériel des Archives de France préconise ainsi le traitement systématique des documents désinfectés, afin d’éviter une réactivation.
Par ailleurs, que ce soit pour le lecteur ou pour l’archiviste, il est plus agréable de consulter des documents propres ! »
Qui signale les documents à dépoussiérer ?

Un chiffon ayant essuyé un document, 2019, ADVO.
© cl. R. Chapeau.
T. B. : « La cellule logistique procédant également à la collecte des archives, elle est en première ligne pour repérer les documents empoussiérés. Les agents chargés du classement des fonds peuvent aussi nous alerter et leur demande est alors inscrite dans notre programmation. Le dépoussiérage des collections concerne tous les fonds : archives anciennes, modernes, contemporaines, privées, communales… ».
Comment s’organise la cellule logistique pour effectuer cette tâche ?
T. B. : « Nous avons un local réservé à cet usage, équipé de 43 mètres linéaires de rayonnages. Actuellement, la cellule logistique compte quatre personnes, dont trois se relaient sur la mission. Il a été décidé que chaque agent y consacrerait en moyenne une demi-journée hebdomadaire, car il s’agit d’un travail plutôt physique, avec généralement une station debout prolongée. On peut rencontrer des difficultés liées au format des documents à traiter, parfois lourds ou volumineux, ou encore au bruit, en cas d’utilisation d’un aspirateur.
A titre d’exemple, à raison d’une demi-journée par semaine, il a fallu presqu’un an pour traiter le fonds des hypothèques de Pontoise [An VII-1900] (cote 4 Q 2), constitué de 475 volumes, soit 36 mètres linéaires, conditionnement en boîtes neutres et nettoyage des étagères en magasin compris. Ce long travail a été payant, puisque nous avons eu plusieurs retours positifs de la part de nos usagers ! »
Concrètement, de quel matériel disposez-vous ?

Un archiviste en train de dépoussiérer un registre, 2019, ADVO.
© cl. R. Chapeau.
T. B. : « Pour leur protection et leur sécurité, les agents ont à leur disposition gants, masques, lunettes de protection, blouses, combinaisons intégrales et casques anti-bruit. Pour traiter les archives, ils utilisent pinceaux, chiffons en microfibres, aspirateur à variateur de puissance avec filtre. Tous ces outils répondent à des normes et doivent être nettoyés régulièrement à l’aide de produits anti-fongiques et sporicides, eux-mêmes normalisés et aussi utilisés pour nettoyer et désinfecter les tablettes dans les magasins ».
Dépoussiérer des archives demande donc une certaine technicité…
T. B. : « Absolument. Il faut savoir qu’un dépoussiérage réalisé avec des gestes non maîtrisés peut engendrer des déchirures des papiers traités, voire leur destruction, ou encore répandre des moisissures actives… Depuis la création de la cellule logistique, nous avons beaucoup évolué dans notre pratique. Un des agents a suivi une formation relative à la désinfection des documents, dans laquelle les questions de dépoussiérage ont été largement abordées. Le cas échéant, nous pouvons désormais conseiller des services institutionnels sur le sujet. Nous poursuivons notre réflexion au quotidien, dans le but d’accroître notre efficacité et de gagner en technicité ».
Propos recueillis par Roselyne Chapeau, service des archives communales et de l'inventaire du patrimoineDirection des Archives départementales du Val-d'Oise
Octobre 2019