Dans le cadre des 80 ans des Débarquements, de la Libération et de la Victoire, la Direction des Archives départementales propose une galerie de photographies sur les plaques et monuments commémoratifs relatifs à la Seconde Guerre mondiale inaugurés dans l’espace public valdoisien. Ces photographies sont issues d’une campagne menée par le pôle de l’inventaire du patrimoine recensant plus de 270 monuments.
Le contexte
Ces monuments ont été inaugurés à différents moments et à l’initiative de diverses personnes et institutions.
Les premiers ont été érigés dès la guerre terminée, seulement une ou deux années après. Mais d’autres ont été érigés bien après et encore aujourd’hui, des projets de monuments ou stèles sont étudiés à l’occasion des dates-anniversaires. Les monuments ayant le plus tardé à rejoindre l’espace urbain sont ceux liés à la Déportation.
Les communes peuvent être à l’origine de ces édifications mais aussi des associations de résistants ou encore des entreprises comme la SNCF.
Au lendemain de la guerre, l’Etat, submergé par les demandes de construction, a souhaité légiférer sur le sujet. Plusieurs textes font ainsi référence aux monuments commémoratifs comme la circulaire ministérielle du 12 avril 1946 incitant les commanditaires à privilégier les petites plaques aux grands monuments nécessitant matériaux coûteux et main d’œuvre réservés à la Reconstruction du pays. L’unité formelle et la simplicité étaient alors conseillées. Les monuments et plaques plus récents sont plus divers dans leur forme mais aussi plus diserts quant aux inscriptions qui y sont gravées dans un objectif pédagogique assumé.
Les types
Contrairement aux monuments aux morts de la Grande Guerre érigés surtout dans le cimetière communal ou sur une place, les monuments relatifs à la Seconde Guerre mondiale sont partout dans l’espace public : sur la façade d’une gare, dans un lotissement, entre deux maisons d’habitation, sur le bord d’une route de campagne… Ils se répartissent en trois grands types.
Les plaques commémoratives, en marbre ou en pierre, sont surtout présentes en contexte urbain, apposées sur les façades des bâtiments et dans la rue. De petit format, souvent rectangulaires, elles sont relativement discrètes. Elles peuvent avoir été inaugurées à l’initiative d’associations ou des communes elles-mêmes, à l’occasion d’une campagne mémorielle.
Les stèles et les obélisques, également en marbre ou en pierre, se retrouvent plutôt sur les bords des routes et des chemins. Les stèles se substituent opportunément aux plaques quand il n’existe pas de support préexistant. Les obélisques sont plus rares. Les compositions architecturales et sculpturales, plus ambitieux, sont à l’initiative de communes malgré les recommandations de sobriété de l’Etat, et sont souvent financés par le biais de souscriptions. Généralement, elles évoquent la mémoire d’un ensemble de personnes, tuées lors de massacres et fusillades ou mortes en déportation.
Chaque typologie permet de rappeler à tous les mémoires individuelles de ces hommes et de ces femmes fauchés tout au long du conflit et/ou qui se sont distingués par leur courage dans une période difficile. Ouvriers, cheminots, médecins, prêtres, étudiants, femmes au foyer, autant de personnalités et de destins sortis de l’oubli grâce à ces « archives de pierre ».
Sophie Bodénan, service patrimoine
Direction des Archives départementales du Val d’Oise
Octobre 2024
Pour en savoir plus
Fonds d’archives
Archives départementales du Val d’Oise
- Archives communales déposées [E-dépôt]
- Administration et comptabilité communale [2O]
- Bulletins municipaux [PER 24]
Archives départementales des Yvelines :
- Fonds du cabinet du préfet et services de la préfecture (1944-1954) Instructions ministérielles, Erections de monuments [1 W 362-650]
- Fonds du cabinet du préfet et services de la préfecture (1944-1954) hommages publics [1 W 1227-1233]
- Dossiers de crimes de guerre anonymes (1940-1964), dossiers d'affaires de police judiciaire (1940-1978) [1604 W 1-25]
Orientations bibliographiques
Les fusillés, 1940-1944, dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages ou guillotinés en France pendant l'Occupation. Ivry-sur-Seine : les Editions de l'Atelier-les Editions ouvrières, 2015 1950 p. [BIB 8 5928].
« Dossier : commémorer », Les chemins de la mémoire, hors-série, 01/10/2020 [BIB PER 317]
GILZMER, Mechtild, Mémoires de pierre. Les monuments commémoratifs en France après 1944. Autrement, traduit de l’allemand par Odile Demange, 2009, 270 p. (coll. Mémoires).
LAROCQUE, Martial, Association nationale des anciens combattants de la Résistance, Mémorial de l’occupation allemande, de la résistance et de la libération du Val-d’Oise et de ses environs 1940-1944. Argenteuil : comité du Val-d’Oise de l’ANACR, 1986, 226 p. [BIB 8/2549]
NAMER, Gérard, La commémoration en France de 1945 à nos jours, Paris : L’Harmattan, 1987, 214 p.
Sitographie
Site internet Mémoire des hommes [Consulté le 26 septembre 2024].
Discographie
AERI (Association pour des Etudes sur la Résistance Intérieure), La Résistance en Ile-de-France - DVD/Cédérom, Collation : 1 DVD + 1 livret pédagogique ; Ill. couleur ; [BIB EAV61].