1941, ADVO, 1 Z 389.

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Présentation du document : Ces poèmes dactylographiés ont été adressés anonymement, depuis une gare parisienne, à un élu de la commune de Gagny, aujourd'hui en Seine-Saint-Denis. Celui-ci les a remis au commissaire de police de sa ville, lequel les a inclus à un dossier de renseignement transmis à ses supérieurs. Le rapport de police est daté du 18 juin 1941 mais le petit texte introductif rédigé par l’auteur des poèmes fait référence aux « événements de Syrie (…) qui ont montré la duplicité et la trahison de nos hommes d’Etat ». Il fait probablement référence à l’appui militaire, début mai 1941, prêté par les forces armées françaises, basées en Syrie et restées fidèles à Pétain, à la Luftwaffe qui soutenait une révolte arabe contre les Britanniques.

Analyse sommaire

Sur le choix de la forme poétique :

Les poèmes sont sans doute l'oeuvre d'un seul auteur utilisant toujours le même système de versification. Le rythme choisi, proche d'une chanson, favorise la mémorisation et donc la diffusion clandestine des thèmes abordés.

Sur le contenu des poèmes :

L’auteur des poèmes est cultivé et bien renseigné sur la situation géopolitique du conflit mondial. Ses opinions politiques semblent s’affirmer au fil des poèmes. Après avoir peut-être cru au rêve d’un honneur sauvé par le vieux maréchal, le poète amateur dénonce chaque fois un peu plus le déshonneur de la collaboration et affirme finalement ses convictions républicaines. Il semble d’ailleurs se sentir obligé de préciser les dates de certains poèmes, comme pour montrer l’évolution de ses idées.

Sur le traitement des poèmes par la police :

Ce document est intéressant à double titre :
- il montre d’abord une forme originale de résistance ; il s’agit d’une initiative individuelle à travers laquelle l’auteur anonyme des poèmes dénonce la politique de collaboration de Vichy ;
- il montre aussi à quel point l’expression était restreinte, à quel point la moindre forme d’opposition pouvait être compromettante et dangereuse pour son auteur.

Le Secrétaire général de la municipalité de Gagny, à qui les poèmes étaient adressés, a cru utile de signaler l’événement. À juste titre puisque le commissaire de police a jugé cette information digne d’intérêt et qu’il l’a fait remonter à ses supérieurs. Mais le fonctionnaire a-t-il agi par conviction ou par crainte qu’on ne le trouve en possession de ces poèmes compromettants, bien qu’inoffensifs ? En raison du manque d’informations qui viendraient nous éclairer sur les intentions et les motivations du fonctionnaire, l’interprétation reste libre et on ne peut se contenter, à ce stade, que d’hypothèses.

Pistes d'exploitation :

Relever le vocabulaire péjoratif attribué à la collaboration.

Relever les informations dont dispose un Français dans un pays occupé et soumis à la censure en 1941.

Relever les critiques adressées respectivement à Vichy et aux Allemands.

CNRD 2015-2016 - Résister par l'art et la littérature

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