Elus, hommes politiques, urbanistes, ingénieurs, n’ont cessé de se pencher sur l’aménagement de Paris et de sa couronne afin d’améliorer le cadre de vie des Franciliens. Sous le Second Empire, Georges-Eugène Haussmann, préfet de la Seine, réorganise la capitale en annexant les espaces situés entre le mur des Fermiers généraux et l’enceinte de Thiers. Soixante ans plus tard, Honoré Cornudet, maire de Neuville-sur-Oise, député puis sénateur, est à l’origine de la loi de 1919 qui impose aux villes un Plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension. Entre les deux-guerres, Henri Sellier, maire de Suresnes et ministre de la Santé, préoccupé d’hygiène sociale, impulse la création de cités jardins et de dispensaires. Durant les « Trente Glorieuses », Paul Delouvrier, délégué général au District, coordonne la conception du Schéma directeur d’aménagement de la région parisienne et la mise en œuvre des villes nouvelles, confiant à l’urbaniste Bernard Hirsch la réalisation de Cergy-Pontoise. Au XXI° siècle, Christian Blanc, premier Secrétaire d’Etat chargé du Développement de la région capitale, est chargé de mettre en place le Grand Paris.
Le terme n’est pas récent cependant. En 1913, la Commission d’extension de la capitale invente la formule Grand Pariset se penche sur l’aménagement de sa périphérie. Très vite, les projets débordent le département de la Seine pour concerner la grande couronne. Aux confins de la Région parisienne et du nord de la France industriel, l’arrondissement de Pontoise – qui correspond à peu près à l’actuel Val-d’Oise – fait partie de ce département rural, la Seine-et-Oise, que le chemin de fer rapproche de la capitale.
Dès lors, les liens de réciprocité et d’échanges entre la capitale et sa couronne se renforcent. Historiquement vouée à l’agriculture et considérée comme le « grenier à blé » de la capitale, la Seine-et-Oise expédie aux halles : choux de Pontoise, cerises de Montmorency, poires de Groslay, asperges et figues d’Argenteuil, petits pois de Sarcelles... Les ressources du sous-sol contribuent à l’édification du Paris haussmannien. Le chemin de fer impulse par ailleurs le développement de la villégiature. Les citadins découvrent les paysages pittoresques de cette banlieue verte ! Mais, sous la pression des hygiénistes, la périphérie – banlieue grise ! – récupère et recycle ce que la Ville-lumière ne peut conserver : eaux vannes, gadoues, usines polluantes ou dangereuses, témoignant de l’emprise croissante de la capitale sur sa couronne.
Entre les deux-guerres,Parisiens, provinciaux et étrangers affluent en banlieue à la recherche de travail et de logement. Les lotissements sans équipements, éloignés des centres villes, se multiplient pour ceux que l’on appelle les « mal lotis ». Le nouvel Office public d’Habitations à bon marché du département (OPHBM de Seine-et-Oise tente de résoudre la crise. En 1934, le Plan d'aménagement de la région parisienne (PARP), élaboré par des instances régionales, vise à mettre un terme au développement anarchique de la banlieue. Mais face à la volonté de mainmise parisienne, les élus de Seine-et-Oise défendent l’autonomie du département.
Dans les années 1950, la Seine-et-Oisese présente comme une mosaïque de communes rurales en voie de dépeuplement et de zones urbaines confrontées à une explosion démographique. Les Trente Glorieuses vont constituer une période d’expérimentations et de modernité. La création des nouveaux départements – loi du 10 juillet 1964 – reconfigure l’espace régional et ses acteurs. Plan d’aménagement puis schémas directeurs s’attachent à prévoir et à planifier la croissance, malgré des besoins difficiles à anticiper. Grands ensembles, ville nouvelle, parcs naturels, aéroport international, réseau express régional …, le Val-d’Oise est sur tous les fronts. Aujourd’hui, il entend participer aux projets relatifs à l’avenir de la métropole.
Béatrice Cabedoce, Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE)
Direction de l’Action culturelle du Val d'Oise
Février 2018. Réalisation à l'occasion des 50 ans du Département