L'ostension de la Sainte Tunique à Argenteuil (Val-d'Oise) en 1934

Une charte signée Saint-Louis

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Un texte manuscrit

Ces biens deviennent ainsi inaliénables et, surtout, exonérés de droits de mutations, hormis une taxe spéciale dite d’amortissement. Ce privilège vaut aussi pour les futures acquisitions, sauf s’il s’agit d’une ou deux maisons dans chaque ville ou bourg. Cette disposition était fréquemment accordée aux communautés ecclésiastiques et hospitalières.

Le texte est écrit à la main sur un parchemin, c'est-à-dire une peau animale spécialement traitée. Ce support est cher mais d’extrême solidité, parfaitement capable de traverser les siècles sans jaunir ni se détériorer, contrairement au papier. Si les conditions de conservation sont respectées (température et humidité modérées et stables), il n’est pas rare d’admirer de nos jours des parchemins en très bon état avec une encre parfaitement noire comme celle-ci. 

Une signature royale…

Au bas du texte, l’élément le plus remarquable est la signature ou monogramme de Louis IX. Il réunit ici les lettres les plus significatives de son prénom en latin « Ludovicus ». La longueur de la signature est variable selon les chartes. De part et d’autre, est inscrite la formule « Data vacante cancellaria » : « date de chancellerie vacante ». Le chancelier, grand officier de la couronne, assistait à tous les conseils du roi, avait la charge de la conservation des actes royaux et pouvait  signer des actes importants à la place du roi. Pour l’apposition du sceau royal, il était assisté d’un garde des sceaux. Mais, la charge de chancelier, créée sous Clovis, était effectivement vacante sous Saint-Louis. 

… doublée d’un sceau royal

Par sa forme ronde, ce sceau indique une personnalité masculine, contrairement aux sceaux émanant des religieux et des femmes, qui étaient de forme ovale ou en navette.

Le roi figure ici en majesté, vêtu d’une dalmatique (tunique) et d’un long manteau attaché sur l’épaule droite par un fermail, portant couronne, sceptre et fleur de lys, attributs inhérents au roi capétien. Autour de lui, court une inscription, malheureusement à moitié disparue. Généralement, on y lit en latin : « LUDOVICUS D[e]I GR[aci]A FRANCORUM REX » (Louis par la grâce de Dieu Roi de France). La couleur verte en cire d’abeille signifie que l’acte est de valeur perpétuelle et la cordelette, dit lacs, est faite de soie de couleur rouge. Comme il est appendu au document, c’est un sceau pendant, par opposition au sceau plaqué. La cassure indique évidemment la fragilité de la matière mais il faut admirer tout de même la finesse de la gravure attestant la qualité du travail du graveur et surtout de la cire.

Le sceau garantit l’authenticité de l’acte et de la signature. Le terme « sceau », comme «  scel », issu du latin « sigillum », c'est-à-dire : signe, existait déjà sous l’Antiquité. Les sceaux médiévaux complétaient les signatures et les suppléaient même, dans le cas où un protagoniste ne savait ni écrire ni signer.

Patrick Lapalu, Service des Archives anciennes, modernes et privées
Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Avril 2014

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Bibliographie

Bonis, Armelle, Fossier, Robert, L’abbaye Notre-Dame la Royale de Maubuisson, près de Pontoise, étude du temporel entre 1236 et 1356. [s.l.], [s.n.]. Mémoire – Université de Paris, 1982-1983 [BIB D686].

Dutilleux, Adolphe, Depoin, Joseph, Abbaye de Maubuisson (Notre-Dame la Royale), histoire et cartulaire, Pontoise, Typographie de Amédée Paris, 1883-1885. 4 tomes. [BIB VL 4/190 à 193]

Bonis A., Coll-Seror C., Dechavanne S., Wabont M., « Maubuisson, histoires de femmes ». Vivre en Val-d’Oise, 1997, juin, n° 44, pp. 17-32. [BIB REV161/44/1997]

Théaud, Solenne, Les sceaux de l’abbaye de Maubuisson. Mémoire de maîtrise – Université de Paris X, [2001]. [BIB D1438]