L'ostension de la Sainte Tunique à Argenteuil (Val-d'Oise) en 1934

"Paris en état de défense 1914" : un ouvrage de 1927 épuisé

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Les généraux Auguste Hirschauer (1857-1943) et Klein se retrouvent le 27 août 1914 à la tête du Génie du camp retranché de Paris. Ils décrivent dans cet ouvrage les difficultés rencontrées et surmontées tant au niveau administratif que technique, les solutions adoptées et les résultats atteints dans la mise en état de la défense de la capitale. Ils mettent en avant le rôle important de l'arme du Génie dans la préparation de défense des places modernes et étudient les rapports qui doivent exister entre le gouverneur militaire de Paris (général Michel puis, à partir du 28 août, général Gallieni) et ses subordonnées dans le domaine technique. Cet ouvrage rare est composé de trois parties Avant la menace (le temps de la paix, la guerre éclate), L’Ourcq (sous la menace, la bataille), Après la victoire (les travaux, l’impulsion technique), de 13 illustrations et de 4 plans.

Des travaux planifiés en perpétuelle révision

Le plan de défense de Paris en 1914 comporte la création, en quarante jours, d’un camp retranché dont le développement sur la ligne avancée mesurait 160 km. Mais la place de Paris est, au mois d’août 1914, dans la même situation qu’en 1880, avec une organisation basée sur des  régions fortifiées au Nord, à l’Est et au Sud de la capitale. La construction d’importants ouvrages commence plus tardivement que prévu  : dégagement de la végétation, établissement de chemins de fer à voie étroite, construction de batteries, tranchées, abris, installation de réseaux de fils de fer, renforcement des forts existants construits à partir de 1874 par le général Séré de Rivières (Cormeilles, Montlignon, Domont, Montmorency, Ecouen, Stains pour le secteur nord de la Seine-et-Oise, l’actuel Val-d’Oise…), construction du fort de l’Orme de Morlu sur le territoire de Gonesse… Cet ouvrage relate les difficultés d’acheminement des matériaux et de l’outillage, le manque de main-d’œuvre ainsi que les lenteurs administratives relatives aux ordres transmis aux généraux commandant de Génie en charge de chaque région fortifiée. Ce n'est qu'à la fin de l’automne 1914 que l’ensemble des défenses planifiées est enfin achevé alors même que le front s'est déplacé vers la Marne.

De la main d’œuvre en nombre, des besoins constants en matériaux

La main d’œuvre provient des Réservistes de l’Armée territoriale (R.A.T) divisés en trente-deux compagnies, qui donnent leur premier coup de pioche le 22 août 1914, ainsi que des troupes de neuf compagnies de sapeurs-mineurs et des travailleurs de l’infanterie renforcés ensuite par l’embauche de travailleurs civils et de bûcherons.

Le territoire du Gouverneur militaire de Paris est partagé entre deux directions du Génie, celle de Paris, subdivisée en quatre chefferies, et celle de Versailles, en deux chefferies. Les chefferies constituent les organes d’exécution des travaux chargés de réunir les matériaux et les outils, de rétribuer la main d’œuvre, de régler les entrepreneurs, de maintenir le contact avec les services civils. Chacune de ces chefferies du génie  possède une certaine quantité de matériel, la réquisition auprès de la population devait fournir le complément des ressources. Les ressources en matériel sont du ressort du parc du Génie d’armée, magasin et atelier, chargé de transporter l’outillage, d’assurer le remplacement ou la réparation. Les matériaux destinés à la construction des ouvrages (rails, ciment, tôles..) sont essentiellement fournis par les compagnies de chemin de fer mais aussi par les industriels et les usiniers.

L’utilisation des ressources locales abondantes  (carrières, ponts, fort, cours d’eau ...) les tirs contre les aéronefs, l’installation de canalisations d’eau et l’électricité pour les bâtiments militaires, le rétablissement du service télégraphique, le recours aux pigeons voyageurs font partie des techniques ou procédés par ailleurs longuement décrits dans ce livre.

Les relations humaines font également l’objet d’un passage intéressant : la gestion des réservistes demande un fort encadrement, sans oublier l’inévitable art du commandement afin d’utiliser au mieux les capacités et les spécialités du personnel.

Les dernières lignes de l’ouvrage résument en quelques mots cette intéressante présentation « un ensemble fortifié vaut par son commandement, par son armement, par sa garnison ».

Christine Blazic, Service des Publics
Direction des Archives départementales du Val-d'Oise
Novembre 2014

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Bibliographie

BOURACHOT, André,  Le camp retranché de Paris 1792-1940. Paris : Bernard Giovanangeli, 2014, 331 p. [BIB 8/5821]

COLLECTIF, Le camp retranché de Paris et la défense nationale (édition 1886). Paris : Hachette Livre BnF, 2012, 236 p. [BIB 8/5793]

KLUCK, Alexander von, La marche sur Paris (1914). Paris : Payot, 1931, 185p. [BIB 8/5826]

GALLIENI, Joseph-Simon, Mémoires du général Gallieni : défense de Paris, 25 août-11 septembre 1914. Paris : Payot, 1920, 269 p. [BIB 8/5825]

FOURNIER, Pierre, « Lorsque les forts du Val-d’Oise défendaient Paris : dans le secteur Nord du « camp retranché de Paris », les forts s’appelaient Cormeilles, Montlignon, Domont, Montmorency, Ecouen, Vivre en Val-d’Oise, Paris : Conseil graphique, n°14, 1992, 9 p. [BIB REV 161/14/1992]