Notice descriptive
712 W 1 à 52 - Institution spéciale d'éducation surveillée de Brécourt. - Dossiers de personnel. 1921-1990, 2022
- Institution spéciale d'éducation surveillée de Brécourt. - Dossiers de personnel.
Auteurs : Sandra Fraboulet et Gilles Chotteau, sous la direction de Marie-Hélène Peltier, directeur des Archives départementales du Val-d'Oise. | Dates extrêmes : 1921-1990, 2022 |
Type d'instrument de recherche : Répertoire numérique | Importance matérielle : 5,38 ml (52 articles) |
Date de publication : 2024 | Index : protection judiciaire de la jeunesse, personnel, assistance éducative, |
Cotes extrêmes : 712 W 1 à 52 |
Nom du producteur
Institution spécialisée d'éducation surveillée de Brécourt (Labbeville, Val-d'Oise, France)Présentation du producteur
C’est pendant le second conflit mondial que les services de l’Éducation surveillée donnent carte blanche à Dominique Riehl, psychologue à Strasbourg spécialisée dans la problématique des adolescents délinquants et assistante du Professeur Lagache. En octobre 1944, alors que la France est encore occupée par l’ennemi, D. Riehl devient la directrice de l’Ecole de préservation de Cadillac (Gironde) qui n'est autre qu'un établissement pénitentiaire, avec la ferme décision d’y appliquer ses méthodes. Sa réforme s’élabore et se rôde à Cadillac, mais le profond désir de son instigatrice est de "tenter du neuf sur du neuf", pour cela elle veut trouver un vaste domaine neutre et agréable.
Ce sera le domaine de Brécourt, commune de Labbeville dans le Val-d'Oise, une ferme remontant au XVIe siècle et un château de la fin du XIXe siècle, avec une propriété de plus de 60 hectares confisquée par l'Etat à un entrepreneur autrichien en 1944. L'Institution spéciale d'éducation surveillée (ISES) de Brécourt, unique internat public pour les filles, ouvre en avril 1947. D. Riehl y exerce en tant que directrice de 1947 à 1964 et amène avec elle une partie des éducatrices de Cadillac. Un système pavillonnaire est mis en place, 12 jeunes filles par résidence (pour une capacité totale de plus de 60 jeunes), avec de nombreux ateliers professionnels et ceci dans un cadre superbe. A l’époque, cet institut qui accueille des jeunes de 14 à 21 ans est considéré comme une réussite et reçoit des visiteurs venus de toute l’Europe (magistrats, pédagogues). Les mineures admises le sont après un jugement du tribunal pour enfants ou par application du droit de correction paternelle et une décision du ministère de la Justice.
Pourtant assez vite l’institution se sclérose et surtout revient aux obsessions habituelles concernant les filles : la discipline des corps pour éviter tous les débordements sexuels. Cet établissement clos sur lui-même et peu apte à évoluer avec la société des années 1970, ferme ses portes en 1994. Il s'était entre temps ouvert à l'accueil de garçons. Le domaine est racheté par le Conseil départemental du Val-d'Oise qui le confie en juillet 1997 à une communauté religieuse pour l’insertion d’un public de jeunes adultes (La Fraternité Saint-Jean).
Source : Véronique Blanchard http://enfantsenjustice.fr/?BrecourtModalités d'entrée
Versement de la Direction départementale de la protection judiciaire et de la jeunesse du Val-d'Oise le 16 avril 1992.
Contenu
Le versement est intégralement constitué de dossiers de personnel nés entre 1900 et 1972.
On trouve dans un dossier type :
- curriculum vitae à mettre en regard avec les compétences attendues pour l'exercice des missions ;
- photographie d'identité sans que cela soit systématique ;
- tous les arrêtés rythmant la carrière : nomination, mutation, avancement de grade, etc ;
- des fiches de notation et évaluations des périodes de stage (auxquelles sont parfois joints des exercices pratiques des stagiaires). La personnalité de la première directrice Dominique Riehl, psychologue de formation, transparaît dans les appréciations qu'elle porte sur son personnel ;
- les arrêts maladies ;
- quelques éléments personnels comme faire-parts de mariage ou de naissance d'enfant à l'appui d'une demande de congé ;
- des éléments éclairant les relations professionnelles et la vie quotidienne au sein de l'institution : problèmes de logement et de transport (sachant que le centre est très isolé, desservi seulement par des autocars), rappels à l'ordre de la direction sur la manière d'enseigner ou d'exercer.Les dossiers des années 1940-1960 figurent parmi les plus riches en contenu, surtout sous la direction de Dominique Riehl. Ceux des années 1970-1980 se résument souvent à de simples arrêtés et feuilles de notation.
Dates extrêmes
- Elles correspondent aux dates des documents contenus dans les dossiers.
- On trouvera sous la cote 712 W 52 les dates de naissance et, rarement, de décès des personnels.Intérêt des dossiers
Ces dossiers, outre leur intérêt généalogique, permettent de documenter la sociologie des professionnels de l'éducation surveillée : formation (notamment avec l'accueil de très nombreux stagiaires), recrutement, carrière dans d'autres institutions de la Protection judiciaire de la jeunesse.
On y trouve aussi les attentes de la hiérarchie en matière de pédagogie : les personnels doivent éduquer par l'exemple, d'où l'importance donnée à leur présentation physique, moralité, le moindre manquement faisant l'objet d'un rappel à l'ordre. L'organisation de l'institution est très hiérarchisée : obligation de rendre compte à chaque incident, obligation de tenir et de présenter des cahiers de cours,... Les quelques travaux de stagiaires donnent des éclairages très concrets sur les cours délivrés (histoire, musique, éducation physique...) ainsi que sur la vie au sein des pavillons avec la répartition des travaux collectifs et l'organisation de veillées (voir par exemple 712 W 26).
On y voit enfin, au travers des arrêts maladie, combien le métier est usant et les exigences de l'internat, au plus proche des élèves, peu compatibles avec une vie de famille. Le personnel de Brécourt est presque exclusivement composé de demoiselles, célibataires, jeunes ou moins jeunes, beaucoup d'éducatrices démissionnant au moment de leur mariage.Accroissements
Fonds clos.
Mode de classement
Les dossiers ont été classés par catégories d'emploi :
- personnel de direction ;
- personnels administratifs pour les tâches de gestion matérielle et financière ;
- éducateurs chargés de l'éducation et la protection des mineures. Ils contrôlent notamment leur enseignement scolaire et professionnel ;
- aumônier, sous la forme de vacations ;
- personnel médical sachant que psychiatre et psychologue ne sont pas du personnel à demeure, mais effectuent des vacations ;
- professeurs d'enseignement professionnel (coiffure, arts ménagers, dessin,...) ;
- personnel technique pour la gestion quotidienne de l'internat et du domaine : agents de service (cuisinier, lingère, veilleur de nuit, concierge,...), ouvriers professionnels avec des qualifications particulières (jardiniers, ouvriers agricoles, maçons, conducteurs automobiles).A l'intérieur de chaque catégorie, les dossiers suivent l'ordre alphabétique des patronymes et, dans les rares cas où celui-ci n'est pas connu, par nom d'époux. On trouvera sous la cote 712 W 52 le détail des patronymes et fonctions excercées.
Modalités d'accès
Délai de communicabilité réglementaire : conformément à l’article L213-2 du Code du patrimoine.
Restrictions d’accès liées à l’état matériel des documents : conformément au règlement de la salle de lecture en vigueur.
Modalités de reproduction
Conformément au règlement de la salle de lecture en vigueur.
Sources complémentaires de même provenance
Archives départementales du Val-d'Oise
Institution spéciale d'éducation surveillée de Brécourt
688 W - Dossiers individuels de mineures placées (1943-1990)
1030 W - Dossiers individuels de mineures placées (1948-1955)
1064 W - Registre d'entrée et sortie des mineures placées (1947-1953)
713 W - Rémunération des personnels (1963-1978)
715 W - Registre d'entrée des mineures placées (1953-1970), cahiers de réunion et de consignes (1974-1986), budgets (années 1970-1980), plans de l'établissement.Sources complémentaires de même thématique
Archives départementales du Val-d'Oise
Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse du Val-d’Oise
979 W 4 et 39 à 41- Correspondance avec l’Institution spéciale d'éducation surveillée (ISES) de Brécourt (1974, 1978-1986)
979 W 76 - Commission d’évaluation de l’ISES de Brécourt (1986)
979 W 78 - Bilans et évaluation des élèves de l'ISES de Brécourt (1974-1975)
Ecole de préservation pour les jeunes filles de Cadillac (Gironde)
714 W - Pédagogie, entrées et sorties des enfants placés (années 1940-1950)Série Fi - Documents figurés
1 Fi 200 422 à 429 - Campagne photographique d'Olivier Verley avant travaux de réhabilitation des bâtiments (2020)Conservatoire national des archives et de l'histoire de l'éducation spécialisée et de l'action sociale
Fonds Dominique Riehl (1929-1994) - 0,7 mlArchives nationales
Ministère de la Justice, Direction de l'administration générale et de l'équipement, Sous-direction de l'action immobilière et de la logistique
20010377/129, G 1760 - Réhabilitation de l'Institution spéciale d'éducation surveillée de Brécourt (1979-1985).
19910100/21, G 1000 - Institution publique d'éducation surveillée de Brécourt, restructuration et aménagement : programmes, situation des dépenses pour la construction, plans (1941-1969).
19910298/65, F 613 et F 621 - Ministère de la Justice, Direction de la protection judiciaire de la jeunesse, Sous-direction de l'action éducative et des affaires judiciaires, Bureau de l'information, des synthèses et de la coordination - Rapports d'activités, statistiques (1961-1980).
20110110/2 - Ministère de la Justice, Direction de l'administration pénitentiaire - Institution publique d'éducation surveillée de Brécourt : cartes, plans, photographies (1969).
19850663 - Ministère de la Justice, Direction de la protection judiciaire de la jeunesse, Sous-direction des affaires administratives et financières, Bureau du personnel - Dossiers de personnel de l'éducation surveillée partis en 1984 (retraite ou démission).
20000111/7 - Justice ; organismes rattachés directement ; Centre de recherches interdisciplinaires de Vaucresson (CRIV) - Institution publique d'éducation surveillée de Brécourt (1947-1968).Bibliographie
Blanchard, Véronique, Vagabondes, voleuses, vicieuses. Adolescentes sous contrôle, de la Libération à la libération sexuelle, Paris : édition François Bourin, 2019 [ADVO, BIB E 1733]
Riehl, Dominique, « La rééducation des filles. L’expérience de Brécourt », conférence, in Revue pénitentiaire et de droit pénal, 1956, n° 7/9, pp. 738-754.
Riehl, Dominique, « L’institution de Brécourt », Rééducation, n° 70-72, oct 1955, pp. 32-35.
Thomazeau, Anne, « Entre éducation et enfermement : le rôle de l’éducatrice en internat de rééducation pour filles, de la Libération au début des années 1960 », Revue d'histoire de l'enfance irrégulière, juillet 2005 [https://journals.openedition.org/rhei/1108?lang=en]