Situation géographique
Située dans la vallée de la Montcient, la commune de Seraincourt est limitrophe de Frémainville, Théméricourt, Longuesse et Condécourt dans le Val-d’Oise, ainsi que de Gaillon-sur-Montcient, Hardricourt, Mézy-sur-Seine, Oinville-sur-Montcient et Jambville dans les Yvelines. Elle compte aujourd’hui deux hameaux : Rueil et Gaillonnet.
Population
Au 1er janvier 2018, la population totale légale de la commune était de 1328 habitants (recensement 2015), appelés Seraincourtois. L’étude des données démographiques montre que jusqu’en 1982, le hameau de Rueil resta la partie la plus peuplée de la commune, devant le bourg et Gaillonnet.
Etymologie
Le vocable de Seraincourt viendrait de Serain, nom d’un propriétaire d’origine franque qui détenait un domaine (« cortem » en latin) sur ce territoire. La monographie rédigée par l’instituteur en 1899 fait mention de diverses dénominations au fil des siècles : Saraincourt, Sarricourt, ou encore Serincourt-le-Hazé.
Eléments d’histoire
Les découvertes d’une sépuIture néoIithique au Iieudit “Le Bout d’en-bas” en 1880, ou encore d’un mégalithe au hameau de Gaillonnet en 2015, attestent d’une occupation du lieu dès l’époque préhistorique. Le territoire de Seraincourt est cependant pIus connu pour Ies nombreuses sépuItures gallo-romaines et surtout mérovingiennes mises au jour à partir de la moitié du XIXe siècle, aux lieu-dits « La Folie » et « Les Grouettes », datées de la fin du Ve siècle au VIIe siècle.
Sous I’Ancien Régime, Ie viIIage de Seraincourt reIevait de Ia seigneurie de Seraincourt et RueiI ; il était par ailleurs rattaché au baiIIiage de MeuIan.
Le fief de Rueil était alors le plus actif. En 1481, l’abbaye de Cîteaux acquit des héritiers de Pierre de Challemaison un modeste domaine situé à Rueil. Elle le revendit en 1486 à la famille de Cantiers, originaire du Vexin normand et déjà sur le territoire au début du XVe siècle, dans un château avec dépendances. Au début du XVIe siècle, par le jeu des alliances, Jean de Valliquerville, descendant d’une noblesse normande ancienne, devint seigneur de Rueil.
Le fief de Seraincourt, qui constituait le village proprement dit, appartenait alors à Pierre Legendre, entre autres seigneur d’Hallincourt (Allincourt, dans le département de l’Oise) et maître des comptes sous Louis XII et François 1er. Lorsqu’il mourut sans descendance en 1525, les terres de Seraincourt furent rachetées par la famille de Cantiers/de Valliquerville. Puis en 1696, la seigneurie de Seraincourt-Rueil passa aux mains de Claude Choppin, avocat au Parlement récemment anobli. La famille Choppin resta propriétaire du domaine plus de 200 ans, avant de s’en séparer en 1911.
Le fief de Gaillonnet a appartenu aux seigneurs d’Oinville, les Boulainvilliers, au moins dès le XVe siècle. Par ailleurs, les religieux de l’ordre des Prémontrés y avaient établi dès avant 1163 le prieuré Saint-Pierre, dépendant de l’abbaye de Saint-Josse-au-Bois à Dommartin. Ils desservaient parallèlement la paroisse de Seraincourt. Les biens situés sur ce territoire furent achetés par la commune à la Révolution française, avant d’être vendus aux enchères à des particuliers.
Plusieurs des propriétaires du château de Rueil jouèrent un rôle dans la vie municipale aux XIXe et XXe siècles. César Choppin fut maire de la commune de 1826 à 1830, puis son fils Albert Choppin occupa le siège de premier édile de Seraincourt de 1865 à 1870. Par ailleurs, le dernier descendant de cette lignée, Jean Choppin, mort en 1987 sans enfant, céda en 1976 les armoiries familiales à la commune, qui les utilise depuis comme blason communal.
En 1934, l’homme d’affaires Henri Blum acheta le château : il fut maire de 1937 à 1941 (date à laquelle il fut démis de ses fonctions par le régime de Vichy), puis de 1945 à 1947.
A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, la commune se dota peu à peu d’infrastructures modernes. Les chemins vicinaux furent élargis, leur tracé rectifié. Une école-mairie fut construite et inaugurée dans le bourg en 1856, une école mixte ouvrit à Rueil en 1899. Puis la mairie déménagea en 1938 dans un nouveau local. Le cimetière, qui entourait primitivement l’église Saint-Sulpice, fut quant à lui transféré à son emplacement actuel en 1867. On peut encore noter la mise en place d’un réseau électrique et de l’éclairage public dans les années 1920.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, la commune subit de lourds bombardements de la part des Alliés à la fin du mois d’août 1944. Vingt ans plus tard, l’éclatement du département de Seine-et-Oise en plusieurs nouveaux départements, dont le Val-d’Oise, entraîna le rattachement de Seraincourt au canton nouvellement constitué de Vigny. La commune, craignant de se voir coupée des facilités d’accès aux services de l’agglomération de Meulan-lès Mureaux, vers laquelle elle se tournait naturellement, s’opposa à ce découpage et demanda son rattachement au département des Yvelines. Malgré les accords passés, Seraincourt resta finalement dans le Val-d’Oise.
Economie
Jusqu’au milieu du XXe siècle, la commune garda une vocation agricole, essentiellement céréalière. Par ailleurs, l’important réseau hydrographique présent sur le territoire entraîna la multiplication des moulins. Plusieurs sont évoqués dans les archives communales du XIXe siècle. Sur le rû de la Bernon, on trouvait ainsi le moulin d’En-Bas, plus tard nommé moulin de la Roue sèche. Le long du rû de l’Eau brillante ou rû de Rueil, le moulin à Foulon ou moulin du Bourg fonctionnait au cœur du village ; à hauteur du hameau de Rueil, le cours d’eau permit l’installation du Blanc-Moulin, identifié sur le plan d’intendance de 1780 et du moulin de l’Aulnaie, cité au milieu du XIXe siècle. Le moulin de Néranval était construit sur la Montcient à la limite de la commune d’Oinville. Sur ce même ruisseau à hauteur de Gaillonnet, deux édifices étaient en activité : le plus ancien, parfois appelé « moulin Neuf » abrita une usine à cartons, puis une usine de minium ; le second, construit vers 1850 et appelé « moulin de Gaillonnet », fut un temps le siège d’une briqueterie, puis d’une fabrication de roues et d’essieux jusqu’au début des années 1920.
De façon générale, le hameau de Gaillonnet semble avoir attiré de nombreuses entreprises dès le début du XXe siècle, que ce soit sur le site des moulins ou alentours. D’après les documents d’archives présents dans le fonds, la Société des usines métallurgiques de Gaillonnet était établie au moins depuis les années 1910 ; si le lieu d’implantation de la société Jacques et Cie (fabrique de vernis initialement installée aux Mureaux) au début des années 1920 n’est pas précisé, c’est toujours dans ce hameau que l’entreprise Marfaing (également une fabrique de vernis) s’installa au début des années 1930 ; dans la même décennie, la société Fescol y construisit des bâtiments pour « le nickelage et le chromage par voie électrolytique » et après la Seconde Guerre mondiale, la Société Vulcanisation suresnoise fit des demandes d’autorisation d’implantation.
Quant aux échanges commerciaux, ils se développèrent avant tout avec Meulan, qui au tournant du XXe siècle fournissait à Seraincourt la plupart des services dont elle avait besoin. A cette période on trouvait toutefois dans la commune, outre une auberge-débit de tabac, une boucherie-charcuterie et quelques artisans : un meunier, un menuisier, un mécanicien, des charrons-forgerons, des maçons…
Monuments et mobilier remarquables
Menhir de Gaillonnet. – Autrement appelé « le Gros-Murger », ce monument a été découvert en 2015 suite à un déboisement, à l’angle de la route départementale n° 913 et du chemin de Dalibray. D’une hauteur totale de 3 mètres (2 mètres pour la partie visible) pour une largeur de 90 cm, il daterait de la période néolithique. Il a été inscrit monument historique en 2017. C’est aujourd’hui une propriété privée.
Eglise Saint-Sulpice. – L’édifice, classé au titre des Monuments historiques en 1930, présente des éléments architecturaux d’époques variées : le chœur date du XIe siècle, le clocher du XIIe siècle, la grande chapelle à deux travées accolée au chœur a quant à elle été construite au XIVe siècle. Vers 1860, la nef a été rebâtie et replacée dans l’axe du chœur, tandis que le portail du XIIIe siècle était intégré à la façade occidentale. Le bâtiment, fortement endommagé par les bombardements survenus en août 1944, a été restauré entre 1946 et 1952. A cette occasion, la cloche datant de la fin du XVIIIe siècle a été dérobée ; elle avait été classée monument historique au titre d’objet en 1944. Parmi le mobilier remarquable de l’église, une statue en bois polychrome de Saint-Sulpice datée des XIIe/XIIIe siècles, a été classée monument historique au titre d’objet en 1905.
Croix de l’ancien cimetière. – Cette croix en pierre, visible sur le côté droit de l’église Saint-Sulpice, est déjà présente sur les plans du XVIIIe siècle. Elle n’a pas été déplacée lors de la translation du cimetière en 1867.
Chapelle Saint-Jean. – Une première chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, existant depuis au moins le XVe siècle, était sise au fond de l’actuelle impasse Saint-Jean. Ruinée, elle fut démolie en 1888, date à laquelle la châtelaine de Rueil fit reconstruire un nouvel édifice, également dédié à saint Jean-Baptiste, dans l’enceinte du parc de façon à être accessible aux habitants depuis la rue. Une croix en pierre à l’entrée de l’impasse Saint-Jean rappelle l’existence de la première chapelle.
Mairie. - Le bâtiment municipal utilisé à partir de 1938 serait un pavillon de l’exposition internationale des Arts et techniques de Paris de 1937, récupéré et donné à la commune par le maire Henri Blum. Une extension y a été ajoutée en 1988. Il abrite toujours aujourd’hui les services municipaux.
Prieuré de Seraincourt. – Le domaine accueille aujourd’hui le golf de Seraincourt. Le prieuré fut transformé en château au début du XIXe siècle par le général Friant (cf. ci-dessous « personnalités »). De l’ancienne ferme subsistent encore des bâtiments des XVIIIe et XIXe siècle, notamment la charreterie et le pigeonnier.
Château de Rueil. – Profondément remanié par la famille Choppin au XVIIIe siècle, puis reconstruit à la fin du XIXe siècle, cet édifice est aujourd’hui une propriété privée.
Lavoir de Rueil. – Ce lavoir en forme d’atrium construit en 1877 est accolé à un abreuvoir monumental, déjà visible sur le plan cadastral napoléonien de 1831.
Moulin. – Au centre du village, subsistent les bâtiments du moulin aménagé sur le rû de l’Eau brillante au tournant du XIXe siècle. Certainement utilisé comme foulon, c’est-à-dire un bâtiment où l’on foulait les draps, il a aussi servi à la fabrication du cuir ou du feutre. C’est aujourd’hui une propriété privée.
Personnalités
Général Louis Friant (1758-1829). – Louis Friant, général d’Empire, prit part à toutes les grandes batailles napoléoniennes et fut grièvement blessé à Waterloo ; son nom est inscrit sous l’Arc de Triomphe à Paris. Il devint propriétaire du prieuré de Seraincourt en 1804, le domaine faisant partie de la dot de son épouse, et en fit son château. A sa mort, il fut enterré dans le cimetière de Seraincourt. Une stèle rappelant sa carrière militaire est visible dans le cimetière actuel.
Maurice Donnay (1859-1945). – Membre de l’académie française et auteur dramatique, il séjourna régulièrement au château du prieuré, en tant que gendre du propriétaire, un certain « monsieur Allard ». Cet industriel parisien avait acquis le château auprès de l’héritier du général Friant dans le dernier tiers du XIXe siècle.
Ninon de Lenclos (1620-1706). – La femme de lettre fréquenta un temps le château de Rueil, qui abrita ses amours avec le marquis de Villarceaux au milieu du XVIIe siècle.
Georges Cabanis (1757-1808). – Médecin, philosophe et sénateur, ami de Mirabeau et de Condorcet, Georges Cabanis, corrézien de naissance, mourut à Seraincourt lors d’une visite au château de Rueil où il avait ses habitudes.
Pola Négri (1897-1987). – Parmi les personnalités du monde artistique qui habitèrent le château de Rueil au début du XXe siècle, l’actrice Pola Negri marqua les esprits. De son vrai nom Apolonia Chalupec, elle fut propriétaire de la demeure de 1926 à 1929. En 1927, elle épousa en grandes pompes à Seraincourt le prince géorgien Serge Mdivani. Très attachée au château, elle dut toutefois se résoudre à le mettre en vente en 1929, à la suite du krach boursier.