L'archéologue Pierre-Henri Mitard (1920-2004) était spécialiste de la Gaule romaine, de la numismatie et de la céramologie. Après avoir créé en 1959, avec Bernard Hofmann qui deviendra son...
...
L'archéologue Pierre-Henri Mitard (1920-2004) était spécialiste de la Gaule romaine, de la numismatie et de la céramologie. Après avoir créé en 1959, avec Bernard Hofmann qui deviendra son beau-frère, le Groupe d'archéologie antique du Touring club de France, il intègre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en 1967. Seul chercheur professionnel de l’équipe de recherche du site gallo-romain des Vaux-de-la-Celle à Genainville ainsi que du Centre de recherches archéologiques du Vexin français (CRAVF), il consacra sa carrière à l’étude de ce site et à sa valorisation, notamment par des conférences en France comme à l’étranger. Il participa à l’inventaire des sites gallo-romains (France, Allemagne, Suisse) ainsi qu’au programme collectif de recherche sur les édifices de spectacles en Gaule romaine avec Françoise Dumasy (Université de Paris, Panthéon-Sorbonne) et Didier Vermeersch (Service départemental d'archéologie du Val-d'Oise SDAVO). Membre éminent du CRAVF, dont il sera le secrétaire général, le nom de Pierre-Henri Mitard se trouve associé aussi à de nombreuses villes du Vexin comme de province. Il fut aussi l’un des défenseurs de « l’archéologie des bénévoles et amateurs » alors que la réglementation tendait à un encadrement plus strict de l’activité archéologique en France. Il entretint des relations épistolaires avec des chercheurs européens, la presse et la classe politique locale.
Le site de Genainville est l’un des plus importants sites cultuels gallo-romains d’Île-de-France avec celui de la Bauve à Meaux. C’est à partir de 1935 que les premiers travaux de fouilles commencèrent avec l’architecte Pierre Orième. Ce dernier publia, après deux années de fouilles du théâtre, une première étude ayant pour thème le « Château Bicêtre », nom donné alors à ces ruines. Cette publication, avec l’insistance de Pierre Orième et le soutien de Jules Formigé, convainquit l’État de l’utilité de l’acquisition, par le Domaine, du site au moyen de l'expropriation des propriétaires des parcelles composant les Vaux-de-la-Celle. Le décret d’utilité publique fut publié en 1938, cette acquisition par l’État n’étant complètement effective qu’en 1946. Dès 1947 un travail de fouilles programmées, orientées sur le « bâtiment central », put être entrepris sous la houlette du service de Monuments historiques et toujours sous la direction de Pierre Orième. Entreprise de courte durée dans cet après-guerre car interrompue dès 1948 par manque de personnel.
Les recherches ne reprirent qu’en avril 1960 avec l’autorisation et le soutien d’André Piganiol, alors Directeur des Antiquités historiques d’Île-de-France. Les bénévoles étaient issus du Groupe spéléologique et archéologique du Camping-club de France ainsi que du Groupe d'archéologie antique du Touring-club de France. À partir de 1963 ces deux groupes fusionnèrent pour former le CRAVF qui conduira les recherches sur Genainville et ailleurs dans le Vexin. Les campagnes de fouilles purent alors se succéder avec le CRAVF pendant une trentaine d’années et le site fut inscrit en 1988 parmi les trente premiers sites archéologiques devant faire l’objet d’une mise en valeur ; ce qui entraîna la reprise du site par l’État ainsi que la fin de l’intervention des bénévoles à Genainville. Le mobilier était conservé depuis 1955 au petit musée privé du CRAVF qui est à l’origine de la création du musée d’archéologie départemental, inauguré à Guiry-en-Vexin en 1983. À cette occasion, l’ensemble du matériel recueilli a été déménagé dans le nouveau musée en respectant les anciens inventaires, divisés en deux séries portant la lettre G pour les éléments mobiliers et Gp pour les éléments en pierre (blocs et fragments sculptés d’architecture, statuettes et stèles votives).